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créature étendit vers moi ses bras, et me dit en rougissant : « Je ne suis pas un ange, je ne suis qu’une petite fille, qu’un enfant comme toi ! » Je me levai plein de ravissement, nous enlaçâmes nos bras, nos lèvres se rencontrèrent, et nous nous serrâmes étroitement en pleurant de joie et dans un doux silence. Tout à coup une voix claire s’écria dans le bois : — Annunziata, Annunziata ! « Il faut que je parte, ma mère m’appelle, » murmura la jeune fille, et une douleur poignante s’empara de mon âme. — Ah ! je t’aime tant, lui dis-je en versant des larmes qui tombèrent sur ses joues brûlantes. — « Je te chéris aussi, cher enfant ! » s’écria la jeune fille en déposant un dernier baiser sur mes lèvres. — Annunziata ! cria-t-on de nouveau, et elle disparut dans les arbres. Vois, Marguerite, ce fut l’instant où l’amour jeta dans mon cœur la première étincelle d’un feu