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le vieux Falieri ; et, en effet, le vieux guerrier semblait, depuis son mariage, avoir perdu toute sa bouillante colère et son impétuosité. On le voyait sans cesse assis auprès de sa belle Annunziata, paré des plus riches vêtemens, artistement brodés et découpés ; de ses yeux surmontés de touffes grises s’échappaient des larmes pleines de tendresse, et il la contemplait avec ardeur, demandant dans son ravissement si quelqu’autre que lui pouvait se vanter de posséder une semblable épouse. Au lieu du ton rauque et violent qu’il prenait jadis, ses lèvres s’agitaient à peine pour parler, et ses expressions étaient toujours des plus cordiales. Qui eût reconnu, dans ce vieillard amolli et amoureux, ce Falieri qui à Trévise, dans une folle fureur, frappa l’évêque au visage, le jour de la procession du Saint-Sacrement ? Cette faiblesse, qui ne faisait que s’accroître,