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l’enfer, m’arracha enfin un aveu dont le souvenir me fait encore trembler aujourd’hui. Je fus condamnée à être brûlée vive, mais le grand tremblement de terre qui renversa les palais de Venise, m’ouvrit les portes de ma prison. Je sortis de ma retraite, à travers les décombres, comme un spectre qui s’échappe de son tombeau. Ah ! Tonino, tu me crois dans l’âge de la décrépitude ; mais il n’en est rien. Ce corps amaigri, ce visage sillonné, ses cheveux argentés, ces pieds chancelans, ce n’est pas l’âge, c’est le martyre que j’ai enduré qui m’a réduite en peu de jours à cet état. Et ce frisson, ce rire involontaire qui fait dresser mes cheveux sur ma tête, c’est le résultat des dernières tortures que j’ai endurées, qui me cause encore sans cesse des convulsions.

— Femme, dit Antonio, il me semble que je dois ajouter foi à tes paroles.