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cette science je joignais un don particulier, celui de lire dans l’avenir, comme dans un miroir éloigné et confus, et je prédis souvent involontairement les événemens futurs. Lorsque je me trouvai seule dans Venise, je songeai à me servir de mon art pour gagner ma vie. Je guérissais en peu de temps les maux les plus invétérés ; et bientôt ma réputation se répandit dans toute la ville. La jalousie des charlatans qui vendent leurs pilules sur le Rialto et sur la Zecca, se réveilla. Ils m’accusèrent d’avoir fait un pacte avec Satan, et le peuple les écouta. Bientôt je fus arrêtée, et traduite devant le tribunal ecclésiastique. Tonino, quelles affreuses tortures il me fallut endurer ! Je les soutins courageusement. Mes cheveux blanchirent, mon corps se contourna, mes mains et mes pieds devinrent semblables à ceux d’une momie. L’estrapade, cette horrible invention de