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ter, mais la mendiante le retint par son manteau : — Tonino, dit-elle, ne me regarde pas ainsi, ou je cours à l’extrémité de la place me précipiter dans la mer ! Reste près de moi, mon fils, mon cœur est oppressé ; il faut que je l’épanché dans le tien. Mets-toi là, mon fils, et écoute-moi quelques instans.

Antonio s’assit avec humeur au pied de la colonne, et se mit à examiner son livre de compte dont les feuilles blanches témoignaient du zèle avec lequel il suivait le commerce qu’il avait entrepris de faire sur le Rialto. — Tonino, dit la vieille, n’as-tu donc jamais pensé que tu pouvais m’avoir vue jadis ?

— Je t’ai déjà dit, répondit Antonio sans lever les yeux, que je me suis senti entraîné vers toi ; mais n’attribue pas ce penchant à ta vieille figure ; car, quand je vois tes yeux noirs étincelans, ton nez pointu, tes lèvres pâles, et tes cheveux