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de San-Giorgo Maggiore où les bénédictins avaient établi un hôpital. La force de la maladie m’avait ravi la mémoire de tout ce qui s’était passé. Les moines ne purent me dire autre chose, sinon qu’on m’avait trouvé près du père Blaunas qui venait d’expirer. Peu à peu je recueillis mes pensées, et je me rappelai ma vie antérieure ; mais ce que j’ai raconté, ma mère, c’est là tout ce que j’en sais : je suis seul dans le monde, et quelque soit mon sort, je ne puis espérer d’y trouver le bonheur !

— Tonino, mon cher Tonino, dit la vieille ; contente-toi de ce que le destin veut bien t’accorder présentement.

— Hélas ! dit Antonio, il est encore quelque chose qui tourmente ma vie, qui me poursuit sans relâche, et qui me perdra tôt ou tard. Un désir inexprimable, un besoin dévorant pour une chose que je ne puis nommer, que je ne puis