Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 3, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chiré le cœur de celle qui t’aime comme son enfant !

À ces mots, la vieille mendiante s’enveloppa la tête de l’étoffe de laine brune qui pendait sur ses épaules, et se mit à soupirer et à gémir comme si elle eût été atteinte de mille douleurs. Antonio se sentit involontairement ému, il prit le bras de la vieille et la conduisit sous le portail de l’église où il la fit asseoir sur un banc de marbre. — C’est à toi, dit-il, que je dois mon bonheur, car sans toi, je serais encore dans la misère, je n’aurais pas sauvé le vieux doge et je n’aurais pas reçu cette belle bourse de sequins. Parle, que puis-je donc faire à mon tour pour ton bonheur ?

La vieille mendiante le regarda avec tendresse. — Mon enfant, dit-elle, ne te souvient-il plus du temps où tu te trouvais tout le jour sur cette place, atten-