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plus tard, Antonio vint le trouver, pâle, défait et le désespoir peint dans ses traits.

— Ah ! Salvator ! s’écria-t-il, que me sert que vous m’ayez élevé plus haut que je ne pouvais l’attendre, que vous m’ayez fait combler de louanges et d’honneurs, puisque me voici misérable à jamais, et puisque le tableau à qui je dois après vous ma gloire cause toute mon infortune !

— Ne blasphème pas notre art sacré ! répondit Salvator. Je ne crois pas au malheur qui t’atteint. Tu es comme moi, et tu n’as pu venir au but de tes désirs. Voilà tout, sans doute. Les amoureux sont comme les enfans ; ils pleurent et ils crient dès qu’on touche le moindrement leurs poupées. Laisse, je t’en prie, le genre lamentable ; je ne puis le souffrir. Assieds-toi là ; raconte-moi tranquillement comment ta belle Magde-