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que. Et cependant, Antonio, si j’étais à votre place, j’hésiterais à jeter tout-à-fait la lancette et à prendre uniquement le pinceau. Cela vous paraît singulier ; mais écoutez-moi : nous sommes actuellement à une triste époque de la peinture, ou plutôt le démon semble se démener parmi nos artistes et les exciter de tout son pouvoir ! Si vous n’êtes pas prêt à endurer des mortifications de toute espèce, à mesure que vous vous élèverez en talent, à souffrir d’autant plus de dédain et de mépris que votre renommée se répandra, à voir de malveillans coquins s’approcher de vous avec un air de bonté et de bienveillance, pour vous perdre d’autant plus sûrement ; si, dis-je, vous n’êtes point préparé à tout cela, ne touchez pas un pinceau. Souvenez-vous de la triste destinée de votre maître, du grand Annibal, qui, poursuivi malignement à Naples par une