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premier la route. Ses compositions ne peuvent être jouées qu’à la manière de Tartini ; et il est facile de prouver qu’il a reconnu toute la grandeur du rôle de son instrument. Pugnani est un violon passable ; il a du ton et beaucoup d’intelligence ; mais son trait est trop mou dans certains appogiamenti. Que ne m’avait-on pas dit de Gemianini ! Lorsque je l’entendis pour la dernière fois, à Paris, il y a trente ans, il jouait comme un somnambule qui gesticule en rêvant ; et c’était aussi un rêve pénible que de l’entendre : ce n’était qu’un tempo rubato sans style et sans terme. Malédiction sur cet éternel tempo rubato ! il perd les meilleurs violons. Je lui jouai mes sonates ; il vit son erreur, et voulut prendre de mes leçons, ce que je lui accordai volontiers : mais l’enfant était déjà trop enfoncé dans sa méthode ; il avait trop vieilli là-dessus : il était dans