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des œuvres à l’artiste, et de croire que lui, qui a représenté en pleine vie les objets sauvages et terribles, doive avoir été par là même un homme sauvage et terrible. Celui qui parle beaucoup de l’épée la manie souvent très-mal ; et celui qui au fond de son âme comprend les plus sanglantes horreurs de manière à pouvoir leur donner la vie au moyen de la palette, du pinceau ou de la plume, est d’ordinaire le moins capable de les commettre.

N’ajoutons donc pas foi à ces bruits, qui firent du brave Salvator un brigand et un assassin ; ne croyons point qu’il ait pris part aux sanglantes actions de Mas’Aniello, et pensons plutôt que les terreurs de ces temps de désolation le chassèrent de Naples vers Rome, où il arriva en fugitif, pauvre et indigent, vers l’époque où Mas’Aniello venait de tomber.