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gigantesquement entassés, des arides rivages de la mer, des forêts désertes et inhospitalières. Ce n’est point l’haleine des vents du soir, ni le doux frémissement des feuilles ; c’est le mugissement de l’ouragan, le fracas de la cataracte, qui seuls se sont fait entendre à son oreille. En contemplant dans ses tableaux ces déserts, et les hommes d’un extérieur étrange et sauvage qui se glissent çà et là, tantôt seuls, tantôt en troupe, les pensées sinistres se présentent d’elles-mêmes. On se dit : Ici se commit un meurtre ; là le cadavre sanglant fut jeté dans le précipice.

Qu’il en soit ainsi ; que Taillasson ait raison de dire que le Platon de Salvator, que son saint Jean même annonçant dans le désert la naissance du Sauveur, ont quelque peu des mines de brigands ; supposons, dis-je, que tout cela soit véritable : encore serait-il injuste de conclure