Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 2, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bagage, je payai l’hôte, et je montai en voiture. En passant dans la grande rue, je vis les deux cantatrices à la fenêtre avec le ténor, je m’enfonçai dans le fond de la voiture, et je pensai avec joie à l’effet que produirait la lettre que j’avais laissée pour elles à l’auberge. Jamais je n’aurais soupçonné Térésina d’une telle fausseté ! cette charmante figure ne s’est jamais éloignée de ma pensée ; il me semble encore la voir, chantant des romances espagnoles, gracieusement assise sur le fougueux cheval gris pommelé, qui caracolait aux accords de la guitare. Je me souviens encore de la singulière impression que produisit sur moi cette scène, j’en oubliai le mal que je ressentais ; Térésina captivait tous mes sens ; je la voyais devant moi comme une créature supérieure. De tels momens pénètrent profondément dans la vie, et laissent une impression