Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 2, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

séparer d’elle. Lauretta vit d’un œil jaloux ma liaison avec Térésina, mais elle se contint ; elle avait besoin de moi, car, en dépit de tout son talent, elle n’était pas en état d’étudier seule ; elle lisait mal, et elle n’était pas fort assurée de la mesure. Térésina, au contraire, lisait tout à livre ouvert, et son tact musical tenait des prodiges. Jamais Lauretta ne montrait plus d’opiniâtreté et de violence que lorsque je l’accompagnais. Jamais, pour elle, je ne frappais un accord à propos ; elle regardait l’accompagnement comme un inal nécessaire ; jamais on ne devait entendre le piano, il devait toujours céder à la voix, et changer de mesure chaque fois qu’une autre fantaisie lui courait dans la tête. Je m’opposai avec fermeté à ses caprices, je combattis ses emportemens ; je lui démontrai qu’il n’y avait pas d’aceompagnement sans énergie, et que la