Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 2, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un son pénétrant, un portamento di voce me ravit par dessus toutes choses : point de broderie inutile, une exposition ferme qui part de l’âme, c’est là le chant véritable, et c’est ainsi que je chante ! Si tu n’aimes plus Lauretta, songe à Térésina qui t’aime tant parce que tu seras un maestro et un compositeur, d’après ta propre manière et selon l’impulsion de ton génie. Ne te fâche pas ; tous les airs maniérés et tes canzonnettes ne valent pas ce morceau.

Térésina me chanta alors, de sa voix pleine et sonore, une cantate sacrée que j’avais composée quelques jours auparavant. Jamais je n’avais soupçonné que cette composition contint autant d’effets. Les sons de sa voix agitaient tout mon être, des larmes de ravissement s’échappaient de mes yeux ; je pris la main de Térésina, je la pressai mille fois contre mes lèvres, et je jurai de ne jamais me