Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 2, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fioriture. Le diable m’égara ; des deux mains je frappai un accord, l’orchestre suivit ; ce fut fait de la fioriture qui devait tout enlever. Lauretta, me jetant des regards de fureur, saisit la partition, me la lança si violemment à la tête, que les feuilles volèrent au hasard dans la salle, et s’échappa à travers l’orchestre en renversant les musiciens et les instrumens. Dès que le tutti fut achevé, je courus la rejoindre ; je la trouvai en larmes ; elle pleurait et trépignait à la fois.

— Loin de moi, misérable ! me cria-t-elle ; tu es le démon qui m’a ravi ma réputation et mon honneur ! éloigne-toi, monstre, ne reparais jamais devant mes yeux !

À ces mots, elle s’élança sur moi, et je m’échappai en toute hâte. Pendant la seconde partie du concert, Térésina et le maître de chapelle parvinrent enfin