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la musique ; j’étais le répétiteur assidu de tous les duos, de toutes les ariettes et de toux les morceaux qu’il leur plaisait d’exécuter. Une prompte et étonnante révolution s’était opérée en moi. J’avais dépouillé toute ma timidité de provincial, et je dirigeais la partition au piano, comme un maestro, chaque fois que ma dona chantait une scène. Mon esprit tout entier, mes pensées n’étaient plus que de douces mélodies. J’écrivais sans relâche des canzonnettes et des airs que Lauretta chantait dans sa chambre. — Mais, pourquoi refusait-elle de chanter en public des morceaux de ma composition ? Quelquefois, Térésina apparaissait à ma mémoire sur un cheval fougueux, avec une lyre, comme la muse elle-même ; et j’écrivais alors involontairement des chants graves et austères. Il est vrai que Lauretta jouait avec les tons comme une fée qui se balance en