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jours forcé de quitter ma petite ville si je voulais m’adonner à la musique. Qu’on se figure un malheureux qui se précipite dans un abîme sans fond, sans espoir de conserver la vie, et qui, au moment de recevoir le coup qui doit terminer ses jours, se trouve tout à coup dans un riant bocage, où des voix chéries le saluent des plus doux noms : telle était l’impression que je venais d’éprouver. Partir avec elle pour la Résidence ! ce fut là mon unique pensée. Je fis si bien que je parvins à persuader à mon oncle que ce voyage m’était indispensable. Il se rendit à mes instances, et il promit même de m’accompagner. Mon mécompte fut extrême. Je ne pouvais lui découvrir mon dessein de voyager avec les deux cantatrices ; un catarrhe qui survint à mon oncle me sauva. Je partis seul jusqu’à la première poste, où je m’arrêtai pour attendre ma déesse.