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l’art beaucoup de belles choses que personne ne comprit ; après qu’un chocolat bouillant m’eût deux fois brûlé la langue, dduleur que j’endurai sans mot dire avec la constance de Scévola, Laurette annonça quelle voulait nous chanter quelque chose. Térésina prit la guitare, s’accorda et toucha quelques accords. Jamais je n’avais entendu cet instrument, et le son sourd et mystérieux que rendaient les cordes vibra profondément dans mes oreilles. Laurette commença sur un ton très-bas qu’elle soutint jusqu’au fortissimo, et qui se termina brusquement par une octave et demie, en un jet hardi et compliqué. Je me souviens encore des paroles du début : « Sento l’amica speme. » Je sentais ma poitrine se nouer ; jamais je n’avais soupçonné de semblables effets ! Mais quand Laurette s’éleva toujours avec plus de liberté et de hardiesse sur les ailes du chant,