Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 2, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/192

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’un vieil organiste opiniâtre, qui ne voyait que les notes mortes et qui me tourmentait avec ses fugues et ses toccades discordes et monotones. Je soutins courageusement ces épreuves, et mon ardeur ne put se ralentir. Souvent l’organiste me reprenait avec aigreur ; mais il n’avait qu’à jouer un morceau avec sa vieille et vigoureuse manière, et j’étais réconcilié avec lui et avec la musique. Maintes fois, j’éprouvais des impressions singulières ; et certains morceaux du vieux Sébastien Bach produisaient sur moi l’effet d’une histoire de revenans bien terrible et me causaient de ces frissons de terreur auxquels on s’abandonne avec tant de ravissement dans les tendres années de l’enfance. Mais le paradis s’ouvrait devant moi, lorsque, dans les soirées d’hiver, la clarinette de la ville avec ses élèves, soutenus par une couple de dilettanti caducs, venaient