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semble-t-elle que plus pénible. C’est le désespoir qui se peint pour la première fois sur ses joues vermeilles. Les accidens de la lumière se jouent à travers les pampres de la treille ; elle a une libre issue dans la campagne, et laisse voir un cavalier arrêté devant la locanda, et qui se rafraîchit sans quitter la selle.

J’ai toujours admiré ce charmant tableau ; mais il m’a surtout semblé merveilleux parce qu’il représente fidèlement une scène de ma vie, avec les portraits frappans des personnes qui y figurèrent. On sait que la musique a toujours fait mes délices. Dans mon enfance, je n’avais pas d’autres sentimens, et je passais mes jours et mes nuits à chercher des accords sur le vieux piano fêlé de mon oncle. La musique était peu en honneur dans le petit bourg qu’il habitait, et il ne s’y trouvait personne qui pût m’instruire dans cet art,