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de l’amour ou plutôt de l’admiration que je portais à une créature qui me semblait la plus ravissante de celles que j’eusse jamais rencontrées sur la terre. Cette personne n’était autre que la baronne elle-même. Dès son arrivée, dès qu’elle avait traversé les appartemens, enveloppée dans une pelisse de martre russe, qui serrait étroitement sa taille, la tête couverte d’un riche voile, elle avait produit sur mon âme l’impression la plus profonde. La présence même des deux vieilles tantes, vêtues plus bizarrement que jamais, avec de grandes fontanges, la saluant cérémonieusement à force de complimens en mauvais français, auxquels la baronne répondait par quelques mots allemands, tandis qu’elle s’adressait à ses gens en pur dialecte courlandais, tout donnait à son apparition un aspect encore plus piquant. Elle me semblait un ange de lumière,