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de la folie ont bien plus fréquemment un caractère triste qu’agréable. De même le grotesque a une alliance intime avec l’horrible ; car ce qui est hors de la nature peut difficilement avoir aucun rapport avec ce qui est beau. Rien, par exemple, ne peut être plus déplaisant pour l’œil que le palais de ce prince italien au cerveau malade, qui était décoré de toutes les sculptures monstrueuses qu’une imagination dépravée pouvait suggérer au ciseau de l’artiste. Les ouvrages de Callot, qui a fait preuve d’une fécondité d’esprit merveilleuse, causent pareillement plus de surprise que de plaisir. Si nous comparons la fécondité de Callot à celle d’Hogarth, nous les trouverons égaux l’un à l’autre ; mais comparons le degré de satisfaction que procure un examen attentif de leurs compositions respectives, et l’artiste anglais aura un immense avantage. Chaque nouveau coup de pinceau que l’observateur découvre parmi les détails riches et presque superflus d’Hogarth, vaut un chapitre dans l’histoire des mœurs humaines, sinon du cœur humain ; en examinant de près, au contraire, les productions de Callot, on découvre seulement dans chacune de ses diableries un nouvel exemple d’un esprit employé en pure perte, ou d’une imagination qui s’égare dans les