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l’exclusion de la première. Et, en effet, le grotesque, dans les ouvrages d’Hoffmann, ressemble en partie à ces peintures arabesques qui offrent à nos yeux les monstres les plus étranges et les plus compliqués : des centaures, des griffons, des sphinx, des chimères ; enfin, toutes les créations d’une imagination romanesque. De telles compositions peuvent éblouir par une fécondité prodigieuse d’idées, par le brillant contraste des formes et des couleurs ; mais elle ne présentent rien qui puisse éclairer l’esprit ou satisfaire le jugement. Hoffmann passa sa vie (et certes ce ne pouvait être une vie heureuse) à tracer, sans règle et sans mesure, des images bizarres et extravagantes, qui, après tout, ne lui valurent qu’une réputation bien au dessous de celle qu’il aurait pu acquérir par son talent, s’il l’eût soumis à la direction d’un goût plus sûr ou d’un jugement plus solide. Il y a bien lieu de croire que sa vie fut abrégée, non-seulement par sa maladie mentale, mais encore par les excès auxquels il eut recours pour se garantir de la mélancolie, et qui agirent directement sur sa tournure d’esprit. Nous devons d’autant plus le regretter que, malgré tant de divagation, Hoffmann n’était pas un homme ordinaire ; et si le désordre de ses idées ne lui avait