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mon histoire qui devient fort difficile à conter, car nous approchons d’un moment critique.

La reine, accompagnée des principaux capitaines de l’armée, se rendit au cloître des nonnes-bénédictines pour y entendre la messe, comme de coutume. Un mendiant couvert de haillons se tenait à la porte principale ; lorsque les gardes voulurent l’entraîner, il courut de côté et d’autre comme un furieux et heurta même la reine. Aguilar irrité voulut le frapper de son épée ; mais le mendiant, tirant un cistre de dessous son manteau, en fit sortir des accens si bizarres que tout le monde en fut fi-appé d’effroi. Les gardes le tinrent enfin éloigné, et on dit à Isabelle que c’était un prisonnier maure qui avait perdu l’esprit, et qu’on laissait courir dans le camp pour amuser les soldats par ses chants. La reine pénétra dans la nef, et