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nade aux Maures. Cette nuit-là les chants voluptueux des païens retentissaient dans notre camp comme des voix de syrènes ; et le brave Aguiiar la choisit à dessein pour détruire le repaire des infidèles. Déjà l’ouvrage était emporté, déjà les femmes, faites prisonnières, avaient été emmenées pendant le combat, lorsqu’un renfort inattendu força le vainqueur à se retirer dans le camp. L’ennemi n’osa pas l’y poursuivre, et il se trouva que les prisonnières restèrent aux Espagnols. Parmi ces femmes, il s’en trouvait une dont le désespoir excita l’attention de don Aguiiar. Il s’approcha d’elle ; elle était voilée, et, comme si sa douleur n’eut pas trouvé d’autre expression que le chant, elle prit le cistre qui était suspendu à son cou par un ruban d’or ; et, après avoir touché quelques accords, elle commença une romance où se peignait la peine de deux amans