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qui s’aperçoit, pour nous servir de son expression, qu’il a perdu sa main, et ne peut plus remplir sa tâche journalière avec sa promptitude habituelle, jusqu’au poète, que sa muse abandonne quand il a le plus besoin de ses inspirations. Dans des cas pareils, l’homme sage a recours à l’exercice ou à un changement d’étude : les ignorans et les imprudens cherchent des moyens plus grossiers pour chasser le paroxysme. Mais ce qui, pour une personne d’un esprit sain, n’est que la sensation désagréable d’un jour ou d’une heure, devient une véritable maladie pour des esprits comme celui d’Hoffmann, toujours disposés à tirer du présent de funestes présages pour l’avenir.

Hoffmann avait le malheur d’être particulièrement soumis à cette singulière peur du lendemain, et d’opposer presque immédiatement à toute sensation agréable qui s’élevait dans son cœur l’idée d’une conséquence triste ou dangereuse. Son biographe nous a donné un singulier exemple de cette fâcheuse disposition qui le portait non-seulement à redouter le pire, quand il en avait quelque motif réel, mais même à troubler, par cette appréhension ridicule et déraisonnable, les circonstances les plus naturelles