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CONTES FANTASTIQUES.

par une nuit d’automne bien sombre sur une chaussée le long de la Baltique, j’aperçus un feu qui brillait à quelque distance ; c’était comme une constellation immense, et je ne pouvais concevoir d’où venait cette flamme à une si prodigieuse élévation.

— Postillon, criai-je, quel est ce feu que nous voyons devant nous ?

— Eh ! ce n’est pas du feu, me répondit-il. C’est le fanal de la tour de Rembourg.

— Rembourg !

En entendant prononcer ce nom, l’image des jours heureux que j’avais passés en ce lieu s’offrit à moi dans toute sa fraîcheur. Je vis le baron, je vis Séraphine, et aussi les deux vieilles tantes ; et moi-même je me revis avec mon visage imberbe, ma chevelure bien frisée, bien poudrée, avec mon frac de taffetas bleu de ciel ; je me revis jeune,