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crayons, ou composa de la musique pour le théâtre. Ce changement continuel d’occupations incertaines, cette existence errante et précaire, produisirent sans doute leur effet sur un esprit particulièrement susceptible d’exallation ou de découragement, et rendirent plus variable encore un caractère déjà trop inconstant. Hoffmann entretenait aussi l’ardeur de son génie par des libations fréquentes ; et sa pipe, compagne fidèle, l’enveloppait d’une atmosphère de vapeurs. Son extérieur même indiquait son irritation nerveuse. Il était petit de taille, et son regard fixe et sauvage, qui s’échappait à travers une épaisse chevelure noire, trahissait cette sorte de désordre mental dont il semble avoir eu lui-même le sentiment, quand il écrivait sur son journal ce mémorandum qu’on ne peut lire sans un mouvement d’effroi : « Pourquoi, dans mon sommeil comme dans mes veilles, mes pensées se portent-elles si souvent malgré moi sur le triste sujet de la démence ? Il me semble, en donnant carrière aux idées désordonnées qui s’élèvent dans mon esprit, qu’elles s’échappent comme si le sang coulait d’une de mes veines qui viendrait de se rompre. »