Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 1, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/148

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tainement une sotte figure. Le baron parut se complaire à voir mon embarras ; il me regarda en souriant et avec une ironie fatale.

— Allons, allons, dit-il ; vous n’avez pas affaire à une patiente dangereuse. La baronne est sous le charme de votre musique, et il serait cruel de l’en arracher tout à coup. Continuez donc. Vous serez bien reçu chez elle chaque soir ; mais que vos concerts deviennent peu à peu plus énergiques, mettez-y des morceaux pleins de gaîté, et surtout répétez souvent l’histoire des apparitions. La baronne s’y accoutumera, et l’histoire ne fera pas plus d’impression sur elle que toutes celles qu’on lit dans les romans.

À ces mots, le baron me quitta. Je restai confondu ; j’étais réduit au rôle d’un enfant mutin. Moi qui croyais avoir excité la jalousie dans son cœur, il m’en-