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quelque temps. Séraphine gardait toujours le silence, le visage caché dans ses mains. Je me levai doucement ; et, m’approchant du piano, je m’efforçai de calmer, par mes accords, son esprit que j’avais fait passer dans l’empire des ombres. Je préludai faiblement par une cantate sacrée de l’abbé Steffani. Les notes plaintives du : Ochi, perchè piangete ? tirèrent Séraphine de ses sombres rêveries, elle m’écouta en souriant, les yeux remplis de larmes brillantes. — Comment se fit-il que je m’agenouillai devant elle, qu’elle se pencha vers moi, que je la ceignis dans mes bras, et qu’un long baiser ardent brûla sur mes lèvres ? — Comment ne perdis-je pas mes sens en la sentant se presser doucement contre moi ? — Comment eus-je le courage de la laisser sortir de mes bras, de m’éloigner et de me remettre au piano ? La baronne fit quelques pas vers la fenêtre,