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sipa l’embarras qui m’accablait comme un fardeau pesant. Le pathos qui accompagne d’ordinaire l’amour timide était déjà loin de moi, et lorsqu’enfin le piano-forté se trouva d’accord, au lieu, comme je me l’étais promis, d’exprimer ce que j’éprouvais par des improvisations, je me mis à exécuter des canzonnettes italiennes. Tandis que je répétais mille fois senza dite, sentimi idol mio et morir mi sento, les regards de Séraphine s’animaient de plus en plus. Elle s’était assise tout près de moi, et je sentais son haleine se jouer sur ma joue. Elle se tenait le bras appuyé sur le dossier de mon fauteuil, et un ruban blanc, qui se détacha de sa coiffure de bal, tomba sur mon épaule, et flotta quelque temps balancé par ses doux soupirs.

Je m’étonne encore d’avoir pu conserver ma raison !