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Pour ne pas prolonger une erreur dangereuse,

Je vais m'éloigner à jamais.

PHEDRE.

Non, tu ne fuiras point. Connais la malheureuse [435]

Qu'un fol amour condamne à d'éternels regrets.

Thésée est mon époux, et c'est son fils que j'aime.

Cet amour qui me fait horreur,

Si longtemps étouffé, s'échappe de mon cœur ;

Ainsi que ta fierté, ma faiblesse est extrême ; [440]

Je t'aimais en secret, je t'aime avec fureur,

Et j'ose le dire à toi-même ;

Tu détournes les jeux, tu frémis : ah ! Seigneur,

Pardonnez, ma raison s'égare ;

Vous êtes tant aimé, ne soyez pas barbare, [445]

N'accusez que les Dieux, et plaignez le malheur.

Ô funeste mépris ! Inflexible rigueur !

Crois-tu que pour mes feux lâchement complaisante,

Je vienne t'implorer d'une voix suppliante,

Te presser d'écouter d'épouvantables vœux ? [450]

Non, c'est Phèdre mourante

Qui veut expirer à tes yeux.