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Fatale destinée ! Ô jour cher et terrible, [215]

Où je vis, où j'aimai ce farouche vainqueur !

L'orage s'éleva dans mon âme paisible,

Un feu.... l'amour.... Vénus s'empara de mon cœur ;

Je connus le malheur en devenant sensible.

J'ai voulu dans mon sein renfermer mes douleurs, [220]

Hélas ! Mes maux avaient pour moi des charmes ;

Victime de l'amour je chérissais mes pleurs,

Et je craignais de voir tarir mes larmes.

OENONE.

Dieux ! Si dans ce moment d'alarmes

Votre époux...

PHEDRE.

Que dis-tu ? Cet époux menaçant [225]

À mes yeux effrayés est sans cesse présent.

Je crois voir... Ciel ! Je vois le père d'Hippolite ;

Tout mon sang se glace d'effroi.

Un dieu vengeur l'accompagne et l'irrite,

Avec lui tout l'enfer est armé contre moi. [230]

Et cependant l'amour déchire encor mon âme ;

En vain l'époux que je trahis