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son cœur à la ville de Rouen. « À un degré de force musculaire qui n’est le partage que de peu de personnes, dit Lingard, Richard joignit une âme incapable de crainte. Chez les Sarrasins, cent ans après sa mort, les cavaliers se servaient de son nom pour gourmander leurs chevaux, les mères pour effrayer leurs enfants. Mais quand nous lui aurons concédé la louange due à la valeur, son panégyrique sera terminé. Ses lauriers furent souillés de sang ; il acheta ses victoires par la ruine de son peuple. » Il ne laissa point d’enfants de Bérengère de Navarre. Son frère Jean lui succéda.

On possède du roi Richard plusieurs compositions poétiques, entre autres deux sirventes, écrits dans un langage mixte où le français domine.

P. Louisy

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Hoveden, Diceto, Newbridge, Rigord, Matthieu Paris. — P.-J. Bruns, De rébus gestis Richardi, Anliæ regis ; Oxford, 1780, in-4o. — J. Berington, Hist. of Henry II and of Richard and John, his sons ; Birmingham, 1790, in 4°. — J. White, Adventures of king Richard Cœur de Lion ; Londres, 1791, 3 vol. in-8o. — Hist. littèr. de la France, XV. — Hume, Lingard, Hist. d’Angleterre. — Michaud, Hist. des croisades.

RICHARD II, roi d’Angleterre, né le 13 avril 1366, à Bordeaux, mort en février 1400, au château de Pontefract, en Écosse. À la mort de son père, Edouard dit le Prince noir (1376), il avait été reconnu pour l’héritier présomptif de la couronne, et il entrait dans sa douzième année lorsque, le 21 juin 1377, il succéda à Edouard III, son grand-père. Le 16 juillet suivant, il fut sacré à Westminster. Pendant sa minorité, un conseil de régence, composé de douze membres, fut chargé du gouvernement ; les ducs de Lancastre, d’York et de Glocester, oncles du jeune roi, en avaient été exclus, mais en réalité ils se partagèrent le pouvoir et donnèrent seuls l’impulsion aux affaires. La guerre étrangère troubla les premières années de ce règne. À peine Edouard III fut-ii mort que les Français profitèrent de l’expiration de la trêve pour recommencer les hostilités. Unis aux Castillans, ils ravagèrent l’île de Wight et les côtes de l’Angleterre, tandis que leurs alliés les Écossais envahissaient le Northumberland. En Bretagne les habiles capitaines de Charles V avaient conquis, à l’exception de Brest, toutes les forteresses, et le duché venait, par sentence royale, d’être réuni à la couronne. Cette mesure précipitée réveilla l’esprit national des Bretons : ils se révoltèrent, et au moment où une armée anglaise marchait à leur secours, ils firent la paix avec Charles VI, le nouveau roi (1379). Les frais de ces armements, la mauvaise administration, la cupidité des oncles du roi avaient épuisé les ressources du pays : on eut recours à un surcroît d’impôts, et avec l’assentiment des communes une taxe extraordinaire fut frappée sur chaque individu âgé de plus de quinze ans. Le peuple, travaillé depuis quelque temps par les prédications de Wycliffe, blessé par les exactions du dernier règne, s’exalta alors à un degré qui tenait de la folie. À la voix de quelques hommes hardis {voy. Wat Tyler), il se souleva en masse, exigeant l’affranchissement et l’égalité des droits, et fit irruption dans Londres (1381). Une terreur panique s’empara de la cour ; on ne prit aucune mesure de défense, et le jeune Richard avait à peine une centaine de chevaliers autour de lui. Il fit preuve en cette circonstance critique d’une fermeté bien rare chez un adolescent de son âge. Surpris par un corps de vingt mille insurgés prêts à venger sur lui le meurtre de leur chef, il alla au-devant d’eux en criant : « Qu’allez-vous faire. ? Wat Tyler était un traître ; venez avec moi, vous serez soulagés. « Et il les conduisit à travers champs jusqu’à ce qu’il fût dégagé par une nombreuse troupe d’hommes d’armes. Toutefois le péril éloigné la noblesse accourut en foule à ses côtés. À la tête de quarante mille hommes, il parcourut les comtés rebelles, et détruisit, par des exécutions multipliées, l’esprit de résistance. Il révoqua les chartes d’émancipation qu’il avait accordées, mais il soumit en même temps au parlement la question de savoir s’il ne conviendrait pas d’abolir tout à fait le servage, question qui d’une voix unanime fut jugée injuste et inexécutable. Ainsi finit cette jacquerie qui eût renversé l’aristocratie et peut-être le trône, si le peuple avait eu la conscience de sa force et de la justice de sa cause.

Le roi venait d’atteindre l’époque de sa majorité. « La résolution et l’intrépidité qu’il avait déployées durant l’insurrection, dit Lingard semblaient présager un règne glorieux et fortuné et les qualités de son cœur étaient rehaussée par la beauté remarquable de sa personne et par l’élégance de ses manières ; mais soit qu’on doive en accuser l’inexpérience et la prodigalité de sa jeunesse, l’ambition de ses oncles ou la turbulence de son peuple, son règne à partir de cette époque ne présenta qu’une suiie d’erreurs et d’infortunes, qui le jetèrent souvent dans la détresse et lui coûtèrent enfin la couronne et la vie. » Par suite d’un traité conclu à Paris, le roi de France avait envoyé en Écosse un secours de mille hommes d’armes avec un subside de 40, 000 francs d’or. La guerre s’était rallumée aussitôt sur les frontières (1385). Richard, à la tête d’une puissante armée, fit une descente en Écosse, et réduisit en cendres Edimbourg, Dumferline, Perthet Dundee sans rencontrer de résistance. Son avant-garde était déjà sous les murs d’Aberdeen lorsque, ayant prêté l’oreille de perfides suggestions contre la loyauté du duc de Lancastre, qui l’avait accompagné, il battit brusquement en retraite ; à son retour il rencontra, dans les comtés de Westmoreland et de Cumberland, les traces du passage des Écossais qui venaient de faire chez lui ce qu’il avait fait chez eux. Le départ du duc de Lancastre pour la Castille le délivra d’un sujet de continuelles alarmes mais il laissa le champ libre à l’ambition effrénée du duc de Glocester, qui mit habilement l’ab-