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Musique, de La Borde, que l’esprit de Colin Muset l’éleva au grade d’académicien de Troyes et de Provins. À cette époque il n’y avait pas d’académies en France, et il est probable que La Borde a voulu parler des concours que le roi de Navarre avait établis à Troyes et à Provins pour les chansons. On a dit aussi que Colin Muset contribua pour une grande part à l’érection du portail de l’église Saint-Julien-des-Ménétriers, située dans la rue Saint-Martin, à Paris. Cette assertion est évidemment erronée. En effet, la confrérie aux frais de laquelle cette église fut bâtie ne fut instituée qu’en 1328 et ne fut constituée que trois ans plus tard, comme le rapporte le P. Du Breul, bénédictin, dans son Théâtre des Antiquités de Paris. « En 1331, dit cet écrivain, il se fit une assemblée à l’hôpital des jongleurs et ménestriers, lesquels, d’un commun accord, consentirent à l’érection d’une confrérie, sous les noms de saint Julien et de saint Genest, et en passèrent lettres qui furent scellées au Châtelet, le 23 novembre du dit an. » Colin Muset ne put donc faire partie de cette confrérie puisque en 1328 il avait cessé de vivre depuis longtemps. Plusieurs auteurs ont également commis une autre erreur en prenant pour l’effigie de ce ménestrel l’une des deux figures placées debout au portail de l’église Saint-Julien. Cette figure, qui tenait à la main un rebec, espèce de violon à trois cordes, est incontestablement celle de saint Genest, ainsi que le prouve le sceau de la confrérie, dont le P. Du Breul donne la description, et où l’on voyait, comme au portail, saint Julien et saint Genest, avec cette légende : « C’est le sceau de la confrérie de Saint-Julien et Saint-Genest, lequel a été vérifié au Châtelet et à la cour de l’Official. » D. Denne-Baron.

Du Breul, Théâtre des antiquités de Paris. — Millin, Antiquités nationales. — De La Borde, Essai sur la Musique. — Roquefort, De la Poésie française dans les douzième et treizième siècles. — Dulaure, Hist. de Paris. — Fétis, Biogr. univ. des Musiciens. — B. Bernhard, Recherches sur l’histoire de la corporation des ménétriers et joueurs d’instruments de la ville de Paris.

MUSGRAVE (William), antiquaire anglais, né en 1657, à Carlton (Somerset), mort le 23 décembre 1721, à Exeter. Il étudia d’abord le droit à Oxford, et l’abandonna pour suivre l’école de médecine de la même université, et il s’y fit recevoir docteur en 1689. À cette époque il était déjà membre de la Société royale de Londres, qui en 1684 l’avait choisi pour secrétaire. En 1691 il alla s’établir à Exeter. On a de lui : De arthritide symptomatica ; 1703, in-8o ; — De arthritide anomala sive interna ; 1707, in-8o ; — Julii Vitalis epitaphium, cum commentario ; 1711, in-8o : épitaphe romaine trouvée près de Bath ; — De Legionibus ; de aquilis romanis ; Exeter, 1713, in-8o ; la première des deux lettres est adressée à sir Hans Sloane ; — Geta Britannicus ; Exeter, 1715, in-8o fig. ; c’est la vie de Géfa, d’après letexfe de Jules Capitolin selon l’auteur, et accompagnée de notes variorum, d’inscriptions latines, de monnaies et de médailles en l’honneur de ce prince ; — Belgium Britannicum, or an account of that part of South Britain which was anciently inhabited by a people called Belgæ, and now comprehends Hampshire, Wiltshire and Somersetshire ;

Exeter, 1719, in-8o fig. ; on y trouve une dissertation tendant à prouver que l’Angleterre était primitivement une péninsule, unie à la France par une partie de territoire solide qui se rattachait aux environs de Calais ; — De arthritide primogenia et regulari ; Londres, 1776, in-8o. Tous les ouvrages relatifs aux antiquités ont été réunis en 4 vol. in-8o (Exeter, 1720).

P. L-y.

Wood, Athenæ Oxon., II. — Renauldin, Les Médecins numismatistes. MUSGRAVE (Samuel), médecin et philologue anglais, petit-fils du précédent, né vers 1730, mort le 3 juillet 1782. Il pratiqua la médecine à Exeter, et attira quelque attention comme homme politique, en lançant contre le ministère anglais la vague accusation d’avoir accepté de l’argent de la cour de France pour conclure la paix de 1763 ; mais il acquit une distinction plus durable par ses travaux philologiques. On a de lui : Exercitationum in Euripidem libri duo ; 1762, in-8o ; — Apologia pro medicina empirica ; 1763, in-4o ; — des variantes et des notes pour l’édition d’Euripide d’Oxford : Euripidis quæ exstant omnia, Tragœdias superstites ad fidem veterum editionum codicumque Mss. cum aliorum, tum præcipue Bibliothecæ regiæ Parisiensis recensuit : fragmenta tragœdiarum, deperditarum collegit ; varias lectiones insigniores, notasque perpetuas adjecit : interpretationem latinam secundum probatissimas lectiones reformavit Sam. Musgrave ; Oxford, 1778, 4 vol. in-4o. Cette édition, remarquable par la beauté de l’impression, a peu de valeur critique ; cependant, elle a été utile aux autres éditeurs d’Euripide. Musgrave mourut dans la gêne. On publia au profit de sa famille ses deux dissertations. Sur la mythologie des Grecs et un Examen des objections de Newton sur la chronologie des olympiades.

Z.

Biographia Britannica. — Athenæ Oxon., t. II.

MUSI (Agostino di). Voy. Augustin.

MUSIN. Voy. Furlanetto.

MUSITANO (Carlo), savant médecin italien, né le 5 janvier 1635, à Castrovillari, en Calabre, mort en 1714, à Naples. Ordonné prêtre à vingt-quatre ans, il vint s’établir à Naples, où il étudia la philosophie puis la médecine. L’inclination particulière qu’il ressentait pour cette dernière science l’y rendit bientôt habile, et il commença de la pratiquer après en avoir la permission du pape Clément IX. Il paraît qu’il ne négligeait pas les devoirs de la prêtrise, puisque le cardinal Pignatelli, archevêque de Naples, lui donna dans la suite les pouvoirs nécessaires pour confesser. Ces doubles fonctions et