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conde partie de cet ouvrage, qui se trouvait entre les mains d’Aubert Le Mire, n’a pas été publiée. Ver Meulen a donné une bonne édition du Martyrologium d’Usuard (Louvain, 1568, in-8o) ; dans les réimpressions subséquentes il fut obligé d’en retrancher plusieurs passages touchant la supposition de quelques écrits attribués à des Pères de l’Église et la fausseté de certaines légendes. Il a travaillé à l’édition des œuvres de saint Prosper (Anvers, 1574) et de saint Augusin (ibid., 1577). On lui a attribué un poème historique assez bien écrit et intitulé Antverpias (Leyde, 1605, in-8o), qui appartient à un autre Motanus, natif de Breda. Enfin, il a laissé en manuscrit Martyrologium romanum, et Annales urbis Lovaniensis Lib. XIV. K.

H. Cuyck, Éloge à la tête du Diarium Medicorum. — C Loos, Illutstrium Germaniæ Script. Catalogus. — Le Mire, Elogia Belgica. — Valère André, Fasti academici Lovanienses. — Sanders, De Scriptor. Flandriæ. — Telssier, Éloges. — Foppens, Biblioth. Belgica. — Niceron, Mémoires, XXVII.

MEULEN (Antoine-François van der), peintre flamand, né en 1634, à Bruxelles, mort le 15 octobre 1690, à Paris. Élève de Pierre Snayers, il s’appliqua de bonne heure à dessiner des chevaux, des campements et des rencontres de cavalerie ; il ne tarda pas à surpasser son maître. Vers 1666 il fut, par l’entremise de Le Brun, appelé à Paris par Colbert, qui lui offrit une pension de 2, 000 livres, un logement aux Gobelins et l’assurance d’être employé dans le genre où il excellait. Depuis la campagne de Flandre, en 1667, il suivit le roi dans ses rapides conquêtes ; on peut dire qu’il en fut le peintre historiographe. Chaque jour il venait prendre les ordres du roi, qui discutait avec lui de choix des sites, des épisodes ou des personnages. Il dessinait sur le terrain, relevant toute chose avec rapidité, et rendant si exactement les détails d’une action que chaque témoin s’y reconnaissait sans peine. La plupart de ses compositions sont des improvisations aussi brillantes que fidèles. Les sujets ordinaires en sont des sièges, des combats, des marches, des haltes, des escarmouches, les incidents si variés de la vie des camps. « Van der Meulen, dit Taillasson, est original dans les sujets qu’il a traités et par la manière dont il les a peints. Le caractère distinctif de son talent est d’avoir rendu des formes françoises avec le coloris flamand ; celui-ci n’a rien perdu de sa beauté, et le peintre a parfaitement saisi l’air et l’esprit des personnages du temps et des lieux où il vivoit. » Reçu membre de l’Académie de Peinture le 13 mai 1673, il en devint conseiller en 1681. Honoré de la protection de Louis XIV, qui tint un de ses fils sur les fonts baptismaux, vivant dans l’intimité du premier peintre de la cour, comblé des dons de la fortune, il aurait dû vivre heureux ; pourtant la dernière moitié de sa vie fut empoisonnée par le chagrin que lui causa la conduite, plus que légère, de la nièce de Le Brun, sa seconde femme, chagrin si vivement ressenti qu’il en mourut, dit-on. La plupart des tableaux militaires de van der Meulen étaient transportés au château de Marly ; il y en avait quatre dans la chambre du roi. On en voyait aussi à Versailles et à Rambouillet. Au jugement de Mariette, on y admire une grande vérité dans les fabriques, un beau choix d’arbres, un pinceau facile et léger ; sa touche est pleine d’esprit et approche beaucoup de celle de David Teniers. Le Louvre possède de van der Meulen vingt-trois tableaux : L’Armée du roi devant Tournai ; Arrivée de Louis XIV devant Douai ; Entrée du roi et de la reine à Douai ; Marche sur Courtrai ; Vue de Lille ; Combat près du canal de Bruges ; Reddition de Dôle ; Passage du Rhin en 1672 ; Vue d’Oudenarde ; Maestricht ; Prise de Dinan ; Prise de Valenciennes ; Vue de Luxembourg ; Vue de Fontainebleau ; trois batailles ; Convoi militaire ; Halte de cavaliers, etc. On voit aussi quelques compositions de cet artiste au musée de Bruxelles et à la galerie du Belvédère, à Vienne. Parmi les tapisseries exécutées à la manufacture des Gobelins d’après van der Meulen, nous citerons : Le Mariage de Louis XIV avec Marie-Thérèse, et L’Alliance du roi avec les Suisses. D’excellents graveurs, tels que Romain de Hooge, Lepautre, Simonneau aîné, Cochin, Ertinger, ont popularisé ses ouvrages dans une série de belles estampes, au nombre de cent treize.

Les principaux élèves de ce peintre sont Dominique Nollet, Martin Boudewyns, Martin Bonnart et Jean van Huchtemburg. — Son frère cadet, Pierre van der Meulen, commença par exercer la sculpture ; mais étant passé en 1670 en Angleterre, il se mit aussi à peindre des sièges et des batailles, et fut employé par le roi Guillaume.

P. L—y.

Descamps, Vies des Peintres flamands. — Houbraken, Vies des Peintres hollandais. — Mariette, Abecedario. — Taillasson, Observat. sur quelques grands Peintres. — Ch. Blanc, Hist. des Peintres, liv. 157. — Villot, Notice des Tableaux du Louvre (école française).


MEUN (Jean de), poète français, né vers 1279 ou 1280, était originaire de la petite ville de Meun (Loiret), dont il prit le nom. Cette ville, située à quatre lieues d’Orléans, est bâtie sur la Loire. Cette circonstance inspira le vers suivant à Cl. Marot,

De Jean de Meun s’enfle le cours de Loire[1].

On le surnomma aussi Clopinel, parce qu’il était réellement boiteux, et il eut le bon esprit d’accepter ce surnom[2]. Ces sobriquets d’ailleurs étaient fort communs au moyen âge, et tenaient lieu de noms patronymiques, dont l’usage n’était pas encore généralement établi. Non-seule-

  1. Préface de son édition du Roman de la Rose.
  2. Un autre trouvère du treizième siècle (Adam d’Arras) avait reçu à tort le surnom de Bossu ; il protesta hautement contre ce sobriquet injurieux :

    On m’apele Bochu, mais je ne le sui mie.
    (Du Roi de Sezille, poëme monorime publié par Buchon dans les Chroniques nationales, t. vii, p. 25