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primer ne faire imprimer le dict Mystère, quelques additions qu’ils y fassent ». — Nous renvoyons aux frères Parfaict pour l’analyse de cet ouvrage, qui n’est autre chose que le livre de saint Luc découpé en scènes et mis en vers : quelques-unes de ces scènes ne manquent pas d’un certain art, et quelques-uns de ces vers méritent l’estime qu’en faisait Cl. Marot. Mais il y en a près de 80, 000 ; c’est dire assez qu’ils sont fort mêlés, et l’on y a fait tant de remaniements que Simon Gresban n’est guère responsable que de l’édition de 1536 : encore porte-t-elle déjà les corrections de P. Curet. Le Répertoire des noms contenus au jeu des Actes des Apôtres accuse 485 personnages, et fait songer à ce que l’on a dit des représentations des mystères, que la moitié d’une ville était chargée d’y amuser l’autre.

A. Chassang

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La Croix du Maine, Bibl. franc. — Guill. Colletet, Histoire des Poètes françois (manuscrit conservé à la Bibl. du Louvre). — Les frères Parfaict, Hist. du Théâtre franc., t. II. — Le duc de La Vallière, Bibl. du Th. fr., t. I. — Pr. Marchand, Dictionn. histor. — Brunet, Manuel du Libraire, t. III. — Paulin Paris, Cours d’Hist. litt. de la France au moyen âge, dans la Revue des Cours publics du 24 juin 1885. — Le même, Manuscrits français de la Bibl. du Roi, t. VI.

* GRESLAN (Pierre), statisticien français, né le 21 mars 1702, à Nantes, où il est mort, le 5 décembre 1768.11 fut reçu avocat au parlement. Échevin de sa ville natale en 1750 et 1751, maire en 1752, il fut député aux états tenus à Rennes en 1749. Élu procureur syndic en 1762, il assista en cette qualité aux états de Rennes de la même année et à ceux de Nantes en 1764. Il a publié en 1766, dans le Dictionnaire des Gaules de l’abbé d’Expilles, l’article Nantes, le meilleur et le plus étendu de cet ouvrage : à l’aide des archives qu’il avait compulsées avec soin, il a présenté une statistique complète de Nantes à cette époque.

P. Levot.

Biographie Bretonne.

GRESHAM (Sir Thomas), riche marchand anglais, né à Londres, en 1519, mort dans la même ville, le 21 novembre 1579. Son père, sir Richard Gresham, membre de la compagnie des merciers, avait servi le roi Henri VIII dans diverses négociations, et reçu de ce prince le titre de chevalier. Il avait aussi exercé les fonctions de lord maire. Sir John, frère de sir Richard, et son sheriff dans l’office de lord maire, fonda le Bethlehem-Hospital, et dota l’école libre de Holt. Thomas Gresham fit ses études à Gonvill-Hall (maintenant le collège Caïus) à Cambridge. Ses progrès lui méritèrent de la part de Caïus, fondateur de ce collège, le titre de doctissimus mercator. Il passa ensuite huit ans en apprentissage chez son oncle, et fut reçu en 1543 membre de la compagnie des merciers. Il s’engagea aussitôt dans de grandes entreprises commerciales, et avant l’âge de vingt-cinq ans il eut la fourniture des vivres de l’armée anglaise qui assiégeait Boulogne. Son intelligence et son intégrité furent appréciées dès ministres, qui lui confièrent en 1551, sous le règne d’Edouard VI, la mission difficile de négocier sur le continent les emprunts nécessaires à l’Angleterre. Il s’établit à Anvers, alors le grand marché de l’Europe ; et tels étaient à cette époque les embarras des transactions financières, que pour conclure les emprunts projetés il ne fit pas moins de quarante voyages d’Anvers à Londres. Éprouvant par lui-même combien de pareilles opérations étaient difficiles et onéreuses, il conçut le dessein d’en affranchir son pays. Les fonctions qu’il remplissait sous Edouard lui furent continuées sous Marie et sous Elisabeth, qui le créa chevalier, en 1559. Il persuada à cette dernière princesse de ne plus recourir aux étrangers, et d’effectuer ses emprunts en Angleterre. Le premier emprunt national eut lieu en 1570, et réussit, grâce au dévouement de Gresham. Dès lors commença en Angleterre une pratique financière très-favorable au pays. Gresham, le marchand royal, comme on l’appelait, jouissait somptueusement de son immense fortune. Outre sa maison de ville, il avait plusieurs belles résidences de campagne, où il reçut plus d’une fois la visite de la reine Elisabeth. Il mourut subitement, à l’âge de soixante ans, sans laisser d’autre postérité qu’une fille naturelle. Deux fondations, la Bourse de Londres et le collège Gresham, ont particulièrement illustré la mémoire du marchand royal. Privé de son fils unique, en 1564, il résolut de disposer de sa fortune en faveur de ses concitoyens, et fit bâtir, à l’imitation de la Bourse d’Anvers, le premier établissement de ce genre qui ait existé en Angleterre. Cet édifice, commencé en 1566, et achevé en 1570, fut inauguré le 23 janvier de cette année par la reine Elisabeth, qui lui donna le nom de Royal-Exchange. La Bourse, brûlée dans l’incendie de 1666, et rebâtie sur une plus grande échelle, fut de nouveau détruite par le feu le 10 janvier 1838. Une nouvelle Bourse a été élevée sur les ruines de l’ancienne, dans des proportions plus vastes et appropriées aux besoins toujours croissants du commerce anglais. Le prince Albert posa, le 17 janvier 1842, la première pierre du Royal-Exchange actuel, et l’édifice achevé fut inauguré le 28 octobre 1844 par la reine Victoria. Gresham, par son testament, du 5 juillet 1575, légua la moitié de la propriété du Royal-Exchange à la commune de Londres, et l’autre moitié à la compagnie des merciers, à la charge pour ces deux corps de subvenir aux traitements de sept professeurs pour la théologie, la jurisprudence, la médecine, l’astronomie, la géométrie, la musique et la rhétorique, à raison de cinquante livres par an pour chacun d’eux. Les cours, qui eurent lieu d’abord dans la maison même du fondateur, furent transportés depuis dans une chambre du Royal-Exchange, et ils se font maintenant dans une belle salle de Gresham-Street.

L. J.

Ward, Lives of the Gresham Professors. — Biographia