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1767. Fils d’un riche marchand de blé, il fit ses études dans sa ville natale, chez les trinitaires, dont il prit d’abord l’habit, et professa ensuite à Mâcon, à Besançon et à Lyon. Sa santé le força

à renoncer à l’enseignement, et en 1745 il fût pourvu d’un canonicat. Quatre ans après l’Académie de Lyon le reçut parmi ses membres, il remit à cette compagnie savante bon nombre de mémoires sur la géométrie, la physique, l’histoire et l’antiquité. On n’a retrouvé que les suivants : Observations sur la méthode de Duhamel pour la conservation des grains ; — De la théorie de la Terre relativement aux effets du déluge ; — De l’impression de l’air sur le corps humain ; — De la construction des murs et des fortifications de Lyon.

J. V.

Bollioud-Mermet, Histoire inédite dé l’Académie de Lyon.

* GREPPO (Jean-Louis), homme politique français, né à Pouilly, le 10 janvier 1810. Fils d’un vigneron, il quitta sa famille à l’âge de quatorze ans, et vint à Lyon apprendre l’état de tisseur. Il prit part aux événements de 1830 à Lyon, et se fit remarquer dans les émeutes de 1832 et de 1834 dans la même ville. Membre de plusieurs sociétés secrètes, il devint un des chefs de l’association des mutuellistes. À la révolution de 1848, il était chef d’atelier dans une manufacture de soieries ; ses opinions le firent nommer représentant à l’Assemblée constituante. Il y fit partie du comité du travail, et siégea sur les bancs les plus élevés de la montagne, dont il appuya constamment les votes. Candidat du comité socialiste pour la représentation à l’Assemblée législative, il réunit plus de 100, 000 voix dans le département de la Seine, et fut élu dans le département du Rhône. Il avait été un des signataires de la proposition du 11 mai 1849 qui demandait la mise en accusation du président de la république et de ses ministres. Il s’était déjà fait remarquer par son vote du 31 juillet 1848 en faveur de la proposition de M. Proudhon, dont il fut l’unique approbateur. À la législative, il signa l’acte d’accusation du pouvoir exécutif, et continua contre le gouvernement l’opposition la plus vive. Arrêté au 2 décembre 1851, il devait être transporté à La

Guyane ; mais il fut seulement exilé. Il était sur le point de reprendre la navette de tisserand en Belgique, lorsque, peu content des conditions qui lui étaient faites, il préféra se rendre en Angleterre.

L. Louvet.

Biogr. des Représentants.

* GRESBAN ou GRÉBAN (Arnoul et Simon). Ce sont deux frères, nés à Compiègne, vers le commencement du quinzième siècle, morts dans la seconde moitié de ce siècle, tous deux poètes dramatiques, et les plus illustres représentants de ce genre de pièces qu’on appelait des mystères[1]. On les trouve presque toujours cités ensemble ; Cl. Marot, dans sa Ve Complainte, dit :

Les deux gresban au bien résonnant style.

Et ailleurs (Epigr. 223, à Hugues Salel) :

Les deux Gresban ont Le Mans honoré.

Marot les croyait nés au Mans ; La Croix du Maine, bien qu’intéressé à les réclamer pour cette ville, sa patrie, les fait naître à Compiègne, ef ajoute que Simon était appelé Simon de Compiègne. Pasquier nous apprend que le témoignage de Marot sur la célébrité des frères Gresban se trouve confirmé par les éloges de plusieurs poètes français du temps de François Ier. Il est certain que leur réputation ne s’éteignit pas avec eux ; et nous verrons qu’au milieu du seizième siècle on jouait encore leurs Mystères, du moins celui de Simon. On sait peu de chose sur leur vie : il importe du moins de ne pas les confondre et de distinguer les œuvres de l’un et de l’autre.

Arnoul Gresban est resté jusqu’à ces dernières années le moins connu des deux : son drame est encore manuscrit, tandis que celui de son frère a obtenu plusieurs fois les honneurs de l’impression. Les biographes disent seulement qu’il fut chanoine de l’église du Mans, vers 1450, et quelques-uns avancent, sur la foi d’Ét. Pasquier, qu’il avait commencé le Mystère des Actes des Apôtres, mais que ce mystère, n’ayant pu être achevé par lui, l’avait été par son frère Simon, probablement son puîné. La vérité est que les deux frères ont fait chacun leur œuvre, Arnoul le Mystère de la Passion, Simon celui des Actes des Apôtres : le second est en effet une continuation du premier, mais le premier n’avait pas besoin de cette continuation pour former un tout bien complet. Par un singulier retour de destinée, c’est l’ouvrage demeuré manuscrit que les juges compétents préfèrent aujourd’hui à l’ouvrage plusieurs fois imprimé. Il est probable que ce qui aura nui à La Passion d’Arnoul, c’est le remaniement qui a été fait de ce mystère en 1480, par un écrivain fort inférieur à Gresban, par Jean Michel d’Angers. On ignore en quelle année a été pour la première fois représenté le mystère d’A. Gresban ; mais on sait du moins, grâce à deux quittances récemment retrouvées à la Bibl. impér., et citées par M. P. Paris, qu’en 1452 un notable d’Abbeville alla trouver Arn. Gresban pour lui en acheter une copie, et que les échevins de cette ville s’empressèrent d’acquérir la copie et de faire jouer le mystère. On lit dans l’une de ces quittances que « la somme de 10 escus d’or avoit été payée pour avoir le jus de La Passion, à Paris, à maistre Arnoul Grebain ». Que faisait alors à Paris maître

  1. Un des descendants de cette famille, Jacques Greban, s’est distingué, comme capitaine de vaisseau, sous le règne de Napoléon 1er. sa fille a épousé le baron Duveyrier, si connu comme auteur dramatique sous le pseudonyme de Mélesville. Les autres enfants de Jacques Gréban sont : M. Amedée Gréban, colonel du génie, et M. Greban de Pontourny, qui s’est distingué comme lieutenant de vaisseau dans les campagnes de la Morée et d’Alger.