coins. Les succès aussi mérités qu’éclatants que
lui assurait chaque nouvelle œuvre lui ouvrirent
les portes de l’Institut, où il fut appelé par
arrêté du gouvernement en date du 26 janvier
1803. On a encore de cet artiste : deux médailles
du Poussin ; celle du Conservatoire de Musique
représentant Apollon en pied, d’après le modèle
de Lernot ; celle de l’Institut, qui porte la figure
de Minerve ; celle à’Esculapc, pour l’Académie
de Médecine, et enfin la médaille de La Paix
d’Amiens. Il avait entrepris de graver les portraits
des grands hommes qui ont illustré la
France, et déjà les médailles de Voltaire et de
Rousseau promettaient un travail aussi intéressant
pour l’histoire qu’utile à l’art, lorsque la
mort vint le frapper avant qu’il ait pu terminer
la médaille de La Fontaine. A. Sauzay.
Archives des Musées impériaux.
DU MARSAIS (César Chesnais), philosophe
et grammairien français, né à Marseille, le 17
juillet 1676, mort a Paris, le 11 juin 1756. Il
perdit son père au berceau, et fut élevé par une
mère qui, ne songeant nullement aux choses de
la vie, laissa dépérir la fortune de ses enfants,
disperser et vendre, sans aucun profit, une fort
belle bibliothèque léguée par deux parents ; ce
fut là un des premiers chagrins de Du Marsais
et son désespoir fut si profond, qu’il en vint jusqu’à
dérober tous les livres qu’il pouvait saisir. Il
entra chez les pères de l’Oratoire de Marseille, et
y fit ses études avec succès ; il s’affilia même à
leur congrégation ; mais, découragé par le peu de
liberté qu’on lui laissait, il en sortit bientôt, et
vint à Paris, vers l’âge de vingt-un ans, s’y
maria, et fut reçu avocat au parlement, le 10
janvier 1704. Divers embarras de fortune et
de ménage le forcèrent de quitter le barreau, et
d’entrer en qualité de précepteur chez le président
de Maisons. Ce fut là qu’il commença son
ouvrage sur les libertés de l’Église gallicane, qui
ne parut qu’après sa mort. Le président de
Maisons étant mort, Du Marsais fut admis chez
le fameux Law, en qualité de gouverneur ; on
sait combien fut courte la fortune du célèbre
financier, et le pauvre philosophe fut bientôt
sans emploi et sans ressources ; heureusement
le marquis de Baufremont lui ouvrit sa maison,
et ce fut pendant le séjour qu’il y fit, qu’il put
se livrer le plus tranquillement à l’étude ; il composa
alors ses Principes de Grammaire et son
Traité des Tropes, son meilleur ouvrage et celui
qui a fait survivre son nom. Dans cet excellent
traité de rhétorique, l’auteur expose d’abord ce
qui constitue le style figuré, et montre combien
ce style est ordinaire, et dans les écrits et dans
la conversation ; il détaille l’usage des troncs
dans le discours, en appuyant ses observations
d’exemples heureusement choisis. « Tout mérite
d’être lu dans le Traité des Tropes, dit D’Alembert,
jusqu’à l’errata ; il contient des réflexions
sur notre orthographe, sur ses bizarreries, ses
inconséquences et ses variations. On voit dans
ces réflexions un écrivain judicieux, également
éloigné de respecter superstitieusement l’usage
et de heurter en tout pour une réforme impraticable.
» Cet ouvrage fut loin d’obtenir le succès
qu’il méritait ; le titre même contribua à l’indifférence
du public, et Du Marsais raconte lui-même
que quelqu’un voulant un jour lui faire un
compliment, lui dit qu’il venait d’entendre dire
beaucoup de bien de l’Histoire des Tropes, prenant
les tropes pour un nom de peuple. En
sortant de chez le marquis de Baufremont, il se
vit forcé pour vivre d’ouvrir dans le faubourg
Saint-Victor un pensionnat, dans lequel il trouva à
peine des moyens de subsistance. Il voulut encore
se charger de quelques éducations particulières,
que son âge avancé ne lui permit pas de
conserver longtemps. Ce fut alors qu’il travailla
à l’Encyclopédie ; mais le peu d’articles qu’il
donna ne purent lui assurer une modeste aisance,
et ce fut presque dans la misère qu’il
mourut. Du Marsais était un esprit net et juste,
d’un caractère doux et tranquille, et son peu de
connaissance des hommes, sa naïveté et sa facilité
à dire simplement ce qu’il pensait l’ont
fait surnommer par D’Alembert le La Fontaine
des philosophes. Ses œuvres ont été publiées
en sept volumes in-8°, en 1797 : elles contiennent,
t. Ier : Exposition d’une méthode raisonnée
pour apprendre la langue latine ; le
Poëme séculaire d’Horace, mis en versions
jnlerlinéaires, : — t. II : Appendix de diis et
heroibus poeticis, par Jos. Juvenci, mis
aussi en versions interlinéaires ; ] — t. III : Des
Tropes ; Lettres à M. Durand, sur le vers de
VArt poétique d’Horace : « Difficile est proprie
communia dicere ; » Inversion ; Fragment sur
les causes de la parole ; — t. IV et V : Mélanges
de Grammaire et de Philosophie ; Logique,
ou réflexions sîir les principales opérations
de l’esprit ; — t. VI : De La Raison ;
Le Philosophe ; Essai sur les Préjugés (attribué
au baron d’Holbach) ; — t. VII ; Analyse
de la religion chrétienne, ouvrage qui lui est
contesté ; Exposition de la doctrine de l’Église
gallicane. On a omis dans cette édition :
Politique charnelle de la cour de Rome, ouvrage
qui est signalé comme étant de Du Marsais
par Lancelot, son ami. H. Malot.
D’Alembert, Éloge de Du Marsais ; dans le t. VU* de
l’Encyclopédie. — De Gerando, Éloge de Du Marsais,
couronné par l’Institut ; ISOS, in-8°.
DUMAS nom commun à un certain nombre de personnages français ou d’origine française. Comme ils appartiennent presque tous aux dixsf {)tième et dix-huitième siècles, ils sont classés par ordre alphabétique de prénoms. Les vivants sont placés à la fin.
DUMAS (Charles-Guillaume— Frédéric), littérateur hollandais et selon toute vraisemblance d’origine française, naquit vers 1725 et mourut vers 1780. Il prit part à la rédaction de La Bibliothèque des Sciences et des Arts, qui se