qu’il se donne le titre de Romain, il s’occupa
particulièrement de la langue et de la littérature
grecques. Il étudia sous le rhéteur Pausanias,
imita l’éloquence de Nicostrate, le style
de Dion Chrysostome, et admira par-dessus tout
Hérode Atticus. Il acquit une connaissance si
parfaite de la langue grecque que, suivant Philostrate,
un Athénien n’aurait pas mieux parlé,
et qu’il fut surnommé MeXitc^wt-uo ; ou MeXîçÔoYyoi
(langue OU voix de miel). Philostrate ajoute
qu’Élien ne quitta jamais l’Italie, bien que celui-ci,
dans son Histoire des Animaux, dise
lui-même avoir vu à Alexandrie en Egypte un
bœuf qui avait cinq pieds. On pourrait concilier
ces deux assertions, en attribuant, avec Vossius
et Wdlckenaër, l’Histoire des Animaux à un
autre Élien, s’il n’était plus simple de rejeter
comme inexact le témoignage de Philostrate. Si
nous ajoutons que d’après Suidas Élien était prêtre
{kç-fyzçzdc,), qu’il ne se maiia point, pour n’avoir
pas d’enfants, et qu’il mourut vers l’âge de
soixante ans, nous aurons épuisé tous les renseignements
biographiques qui nous restent sur
cet écrivain. On a de lui : ïloixiXv)’Idxopia, Histoire
variée, en quatorze livres. Ce sont des extraits
d’un grand nombre d’auteurs, entre autres
d’Hérodote, Thucydide, Aristote, Plutarque.
Cet ouvrage est précieux, à cause des fragments
d’écrivains perdus qu’il renferme ; malheureusement
le compilateur altère trop souvent les passages
qu’il cite. Il professe d’ailleurs d’excellents
principes de morale, et ne cesse de recommander
la vertu et les bonnes mœurs. Le texte grec des
Varisë Historiée fut publié pour la première fois
par Camille Perusco ; Rome, 1545, in-4o. Parmi
les éditions postérieures, les meilleures sont celles
de J. Perizonius, Leyde, 1701, in-S^îde Abr.
Gronovius, Leyde, 1731, 2 vol. in-4o ; de Kiihn,
Leipzig, 1780, 2 vol. in-8o ; de G. H. Liinemann,
Gœttingue, 1800, in-8o ; et celle de Coray, dans
le 1*"^ vol. de son Hellenica Bibliotheca, Paris,
1805, in-8". Les Histoires variées ont été traduites
en français par Formey, Berlin, 1764, et
par Dacier, Paris, 1772, in-8o ; en anglais, par
Abrah. Fleming, Londres, 1576, et par Thomas
Stanley, Londres, 1665, in-S" ; — Ilepl Çmwv
’iStÔTTixoç {De Animalium Natura), en dix-sept
livres, divisés en chapitres très-courts. Cet
ouvrage est pour l’histoire naturelle ce que le
précédent était pour l’histoire politique et littéraire,
un recueil de particularités curieuses.
Aucune pensée scientifique n’a présidé à l’arrangement
de ces anecdotes ; mais elles sont du
moins exposées avec clarté et précision. L’auteur
semble même animé d’une ardeur sincère pour
les recherches relatives à l’histoire naturelle.
« Je préfère, dit-il, l’avantage de cultiver mon
esprit et de multiplier mes connaissances aux
honneurs et aux richesses que j’aurais pu obtenir
à la cour des princes… J’ai mieux aimé étudier
le caractère des animaux, et en écrire l’histoire,
rjue de travailler pour mon élévation et ma fortune.
» Malheureusement ces nobles sentiments
n’ont inspiré à Élien qu’une médiocre compilation:
elle contient beaucoup de récits fabuleux,
et l’auteur s’est contenté trop souvent de paraphraser
le poëme d’Oppien. Les meilleures éditions
séparées du De Animalium Natura sont
celles de Gronovius, Londres, 1744, 2 vol. in-4o;
de Schneider, Leipzig, 2 vol. in-8o, et de Fr.
Jacobs, léna, 1832, 2 vol. in-S". Jacobs a mis
à profit les excellents matériaux que Schneider
avait rassemblés pour une nouvelle édition de
cet ouvrage. Le De Animalium Natura a iété
traduit en latin par Peter Gellius et par Conrad
Gesner.
Nous avons encore sous le nom d’Élien un recueil intitulé :’Ex xâiv AlÀiavoù àypotxwv STitcrToXâiv ( Choix des épltres rustiques d’Elien). Ces lettres, supposées écrites par des agriculteurs athéniens, sont des compositions de rhétorique sans valeur. Elles furent publiées pour la première fois par Aide Manuce, dans sa Collectio Epïstolarum Grxcarum ; Venise, 1499, in-4o. Parmi les ouvrages perdus d’Élien, on cite un traité Sur la Promt^ence (IlEpl Ilpovoîaç), cité par Suidas, et par Eustathe, et qui contenait au moins trois livres ; — Sur les Manifestations de la Divinité (Ilepî ©eiûv ëvepYeiôv), ouvrage dirigé probablement contre les Épicuriens. On attribue encore à Élien une Accusation contre Gynnis (Ka-zr, -Yopia Toû ruvviSoç), c’est-à-dire contre un homme efféminé. Cet écrit était, dit-on, dirigé contre l’empereur Élagabale ; l’auteur eut sans doute la prudence de ne pas le composer du vivant de cet empereur. La première édition des œuvres complètes d’Élien fut donnée par Conrad Gesner, Ziiricli, 1556, in-fol., avec les ouvrages d’Héraclide, de Polémon, d’Adamantius et de Mélampe. ; ; Philoslrate, Fitx Sophistarum. — Suidas, au mot ’A^pEV. — Fabricius, Bibliotheca Grxca. — Vossius, De Historicis Graecis.
ÉLIEN le Tacticien (Αίλεανόζ Τακτικόζ), écrivain militaire grec, vivait vers l’an 100 après J.-C. On a de lui un traité, en cinquante-trois chapitres, sur la disposition des troupes grecques dans les batailles (Περί στρατηγικών τάξεων Έλληνικών). L’auteur, dans sa dédicace à l’empereur Adrien, se donne pour bien instruit dans l’art militaire des Grecs, et avoue ne pas connaître celui des Romains. Il conçut, dit-il, le projet d’écrire cet ouvrage dans une conversation qu’il eut avec l’empereur Nerva, à Formies, dans la maison de Frontin, l’auteur des Stratagematica. Ces détails suffisent pour distinguer Élien le Tacticien de l’auteur des Variæ Historiæ, avec lequel ou l’a souvent confondu. Le contemporain de Nerva ne peut être identique avec un écrivain qui vivait plus d’un siècle après, sous Alexandre Sévère. Les vieilles éditions de cet auteur le désignent simplement sous le nom d’Ælianus, et c’est par erreur que les éditions plus récentes lui donnent le prénom de Claudius. Élien dit dans son ouvrage qu’il se propose d’écrire sur la tactique