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poëme respire des sentiments d’honneur, de patriotisme. C’est ainsi que le poëte s’écrie : Chose est bien digne de mémoire

Que Dieu par une vierge tendre

Alt adès voulu, chose est voire (vraie). Sur France si grant grâce estendre; Et plus loin :

Si rabaissez, Anglois, vos cornes ; ’ Car jamais n’aurez beau gibier.

En France ne menez vos sornes (sornettes); Matez estes en l’eschiquier.

Ses principaux ouvrages en prose sont le Livre des faits et bonnes mœurs de Charles V, « accompli, dit-elle, le l^’ novembre 1404; et est parti le dit livre en trois parties » (manuscrit n° 9668), publié et annoté par l’abbé Lebeuf, dans ses Dissertations sur l histoire de Paris et dans les collections de Petitot et de Michaud. Ce livre, porté dans l’inventaire du duc de Berry, ne fut, chose curieuse , estimé que 20 sols parisis; — la Vision de Christine, composé vers 1405 ( manuscrit n° 7394 ). La première partie du livre ti-aite de V Image du monde; la deuxième, de l’Opinion, et la troisième est consacrée aux Consolations de la philosophie. Christine donne dans cet ouvrage des détails sur ce qui la concerne ainsi que sa famille ; — le Livre de la paix, que l’on peut considérer comme le complément du LîV7-e des faits et bonnes mœurs du sage roy Charles V, et qui est dédié au prince de Guienne (manusc. de la Bibl. impér. n" 7398-22);— ?e Trésor de la cité des dames, ou livre des trois vertus pour l’enseignement des princesses, écrit vers 1406 et imprimé à Paris, chez Vérard, 1497, et chezPh. Le Noir, 1503. D’abord séparés, les deux ouvrages se sont ensuite complétés l’un l’auti’e. L’indication de quelques titres de chapitres fera connaître l’esprit du livre ; « De la manière comment il appartient que les dames ou damoiselles qui demeurent sur leurs manoirs se gouvernent en fait de mariage. » « Item, devise de celles qui sont outrageuses en leurs habillements. » L’auteur s’élève ici , comme son contemporain Clémengis, contre un luxe devenu extravagant, témoin ces hautes coiffures qui parfois empêchaient les dames de la cour de passer sous des portes trop basses. <c Item, parle contre l’orgueil d’aucunes. » «Item, devise des maintiens qui appartiennent aux dames ». Du reste, Christine s’adresse aux femmes de toutes les classes, même « à celles de folle vie » ; — le Livre des faits d’armes et de chevalerie, traduit en anglais et imprimé par ordre du roi Henri Vil, en 1489; — le Corps de policie, lequel parle de vertus et de mœurs, et est divisé en trois parties. « La première s’adresse aux princes ; la seconde, aux chevaliers et nobles; et la tierce, à l’université de tout le peuple « (manusc. n 7409);

— Épistres sur le Roman de la rose ( manuscrit n" 7217). Elles ont pour objet la critique de cet ouvrage de Jean de Meung, que Christine, soutenue cette fois par Gerson , regarde comme un Uvre dangereux ; — Lettre à la reine Isabelle de Bavière; 1405 (manusc. n° 7073-2, f 53). Christine y adjure cette princesse de ré blir la paix ; on y remarque ce passage touchai « Hélas ! doncques qui seroit si dure mère ( peust souffrir, si elle n’avoit le cuer de pien veoir ses enfants entre-occire et espandre le sa l’un à l’autre et leurs povres membres desti-u et disperser; et puis, qu’il venist par de co estranges ennemis , qui du tout les persecut sent et saisissent leurs héritages ; « — Lavu talions sur les maux de la guerre ; 23 a( 1410 (manusc. n° 623, Saint- Victor, T 13). Une édition complète des œuvres de Christ de Pisan serait un service à rendre aux lett et à l’histoire. V. Rosenwald.

Gabriel Naudé, OEuvres. — Prosper Marchand, L hist. — La Croix du Maine, Bibliothèque française J. Boivin, fie de Christine de Pisan ( Mém. de l’Ai des inscr. et belles-lettres. — T. Guichard, Journal savants de Normandie, 1814 , p. 371. — Mongin, t nouv. — Desalle-Régis, Bévue du dix-neuvième siè 28 août 1839. — Gauthier, Notice sur Christine de San, dans les sectes de l’Académie de Bordeaux ; l

— Raimond Tliomassy, Essai sur les écrits polit. Christine de Pisan. — Quicherat, Procès de la Pucc

— Le Laboureur, Hist.’ de Charles yi.

CHRISTINE de France , duchesse régc de Savoie, fille de Henri IV et de Marie de Mi cis, née le 10 février 1606, morte à Turin, le décembre 1663. Le 11 févi-ier 1619 elle époi Victor-AmédéeP"", ducde Savoie; ce mariage a’ été négocié du vivant du roi Henri IV, par Clai Bullion, son agent. Avant de mourir (1627), ■ tor-Amédée déféra à Christine la régence et la telledeFrançois-Hyacinthe, son fils aîné, et de autres enfants. Et dès ce moment commencèi entre les prétentions et les ambitions diverses agitations et les tourments qui remplirent la ^^l cette princesse, que les historiens ont tantôt exaltée , tantôt trop sévèrement jugée. Sa c duite privée mérita souvent des reproches, e Christine montra parfois de l’habileté et d fermeté. « Elle avait, dit M. Sismondi , deux et quatre filles ; mais le public ne voulait croire que ces enfants appartinssent à son m; l’amant en titre était alors un comte Phili d’Aglié. « L’ambassadeur de France , Émery, manda au maréchal de Créqui de profiter trouble causé par la mort du duc de Sa^ pour faire entrer la nuit même des troupes fi çaises à Verceil-et à Turin, demanière à s’emp; de ces deux forteresses et retenir en quel sorte captifs la duchesse et ses deux fils. Ci une trahison ; et Créqui témoigna d’abord q que répugnance ; mais la crainte de la colère Richelieu, dont le menaçait Émery, l’empç La duchesse, avertie par une femme de : vice qui avait entendu le complot, prit sesj cautions ; etlorsque les troupes françaises se ) sentèrent le matin du jour suivant aux po des deux forteresses, elles le« trouvèrent mées et les postes doublés. La régente eu’ même temps à prévenir les menées de ses d beaux-frères , le cardinal Maurice et le pri I