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comme ne le ferait pas un homme, se montre reconnaissant, s’attache à son libérateur, qu’il suit partout et à son tour lui rend une multitude de bons offices. On trouve dans l’Histoire littéraire une analyse développée des romans sur lesquels nous n’avons pu donner que des détails succincts. Les autres oeuvres attribuées à Chrestien de Troyes y sont également appréciées avec sagacité. Il serait à désirer que des extraits au moins de ce poète original fussent livrés à la publicité.

V. Rosenwald.

Hist. littéraire de la France, XV, 192-263. — La Croix du Maine et Duverdier, Bibl. fr. — Mém. de l’Acad. des inscr. et belles-lettres, II et III.

CHRESTIEN (Guillaume), médecin, né à Orléans, prit le grade de docteur en médecine à l’université de Paris, et revint exercer sa profession dans sa ville natale. Il donna ses soins aux rois François Ier et Henri II, à la reine, au duc de Bouillon et à divers grands personnages. Il fut père de Florent Chrestien, un des auteurs de la satire Ménippée. On a de lui : Philaretes, sur les erreurs anatomiques de certaines parties du corps humain ; Lyon, 1536, in-8o ; — Extraits des sept premiers livres de la Thérapeutique de Gallien ; Paris, in-8o ; — de la Nature de l’enfant au ventre de la mère, traduit du grec d’Hippocrate ; Reims, Bacquenois, 1553.

Éloy, Dict : de la méd. — D. Gérou, Bibl. du diocèse d’Orléans, manuscrit.

CHRESTIEN (Florent), fils du précédent, littérateur français, né à Orléans, en 1541, mort à Vendôme, en 1596. Il fut initié aux beautés de la langue grecque par le célèbre helléniste Henri Estienne, et mérita bientôt la terminaison en us que les savants du dix-septième siècle ajoutaient à leur nom, latinisé. Son mérite et son zèle comme calviniste le firent choisir pour être le précepteur du jeune prince de Béarn, depuis Henri IV, à qui il donna une éducation virile. Scaliger prétend que ce prince ne l’aimait pas ; cependant, il le nomma garde de sa bibliothèque.

Florent Chrestien demeura toujours dévoué à son royal élève ; et tandis que les compagnons d’armes du Béarnais lui prêtaient l’appui de leur vaillante épée, il le défendait de sa plume dans le pamphlet politique dirigé contre la Ligue et connu sous le nom de Satire Ménippée. On ne sait pas exactement ce qui revient à Florent Chrestien dans cette publication ; on s’accorde cependant à lui attribuer la harangue moitié française moitié latine du cardinal de Pellevé, créature de la maison de Lorraine[1].

Parmi les ouvrages d’érudition dus à la plume de Florent Chrestien, on remarque un grand nombre de traductions grecques en vers latins, entre autres les épigrammes de l’Anthologie ; le poëme de Musée sur Héro et Léandre ; et plusieurs pièces d’Aristophane, d’Eschyle, de Sophocle et d’Euripide. Il ajoutait à chaque version des commentaires fort estimés. Il fut moins heureux dans ses traductions françaises : le poëme de la Vénerie d’Oppien et le Jephté de Buchanan ne manquent pas de fidélité, mais de style. Sa verve satirique s’exerça contre Ronsard, dans plusieurs pamphlets en vers, entre autres le Temple de Ronsard, où la légende de sa vie est brieſvement descrite. L’ardeur de ses opinions religieuses lui fit aussi saisir plume contre Pibrac, qui avait fait l’apologie de la Saint-Barthélemi. Malgré son irrésistible inclination vers la satire, « Chrestien était un excellent homme, dit De Thou ; il avait l’âme si noble et si éclairée qu’il était incapable de rien écrire par une complaisance basse et servile ; mais il n’était pas prudent d’échauffer sa bile calviniste ; alors il frappait fort et juste, quitte à se réconcilier après. »

Ch. Br.

Nicron, Mém. — La Croix du Maine, Bibl. — De Thou, Hist. — ID. Gérou, Bibl. du diocèse d’Orléans. — Biog. des hommes illustres de l’Orléanais. — Éloy, Dict. de la médecine.

CHRÉTIEN (Gilles-Louis), musicien français, né à Versailles, en 1754, mort le 4 mai 1811. À l’âge de vingt-deux ans il entra à la chapelle du roi, en qualité de violoncelliste. La révolution lui fit perdre sa place ; mais en 1807 il rentra à la chapelle de l’empereur Napoléon. Le principal ouvrage de Chrétien parut après sa mort sous ce titre : la Musique étudiée comme science naturelle certaine et comme art, ou grammaire et dictionnaire musical ; Paris, 1811, in-8o. « Ce traité, purement élémentaire, dit Fétis, a pour objet l’analyse des formes del’harmonie, mais d’après un système particulier à son auteur, et qui ne peut être d’aucune utilité dans la pratique. » Chrétien a aussi publié : Lettre sur la musique, en réponse à M. Amar, auteur de l’analyse de l’ouvrage de M. Villoteau insérée dans le Moniteur du 27 octobre 1807; Paris, 1807, in-8o.

Fétis, Biographie universelle des musiciens.

* CHRÉTIEN (Nicolas), sieur des Croix, poëte dramatique français, vivait sous le règne de Henri IV. Il fit imprimer, de 1608 à 1613, quatre tragédies, les Portugais infortunés, Rosemonde, Amnon et Thamar, Alborien, ou la vengeance, et une pastorale ; il traduisit de l’italien de Chiabrera le Ravissement de Céphale, pièce à machines, représentée à Florence à l’occasion de noces princières. On trouve, enfin, quelques vers bien frappés dans ces tragédies :

Oh ! combien des humains la fortune est diverse !
Oh ! combien le destin grands et petils renverse !

mais on y rencontre aussi des licences intolérables (surtout dans le sujet scabreux emprunté à l’histoire de la famille du roi David) et des fautes contre le goût. Le soleil est désigné comme le souverain roi des célestes chandelles ! Devenues plus rares, les pièces de Chrétien des Croix sont recherchées des amateurs qui tiennent à consulter la morale du vieux théâtre français. G. B.

  1. Selon Éloy, Florent Chrestien se fit aussi recevoir médecin.