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ALEXIS (Pétrowitz), fils du czar Pierre le Grand et d’Eudoxie Lapouskin, né à Moscou en 1695, tué en 1718. Il fut marié de force, à l’âge de seize ans, à Charlotte de Brunswick-Wolfenbüttel, sœur de l’impératrice d’Allemagne, épouse de Charles VI. La manière dont il traita cette princesse affaiblit l’intérêt qu’inspirent ses propres malheurs. Alexis, élevé par sa mère (qui avait été reléguée par le czar dans un couvent) dans un attachement superstitieux pour les anciens usages de sa nation, et dans un mépris absurde pour les arts des peuples civilisés, montra dans ses desseins et dans ses discours une opposition constante aux réformes entreprises par Pierre le Grand. Ce monarque, craignant qu’un pareil successeur ne détruisît son ouvrage, résolut de le déshériter ; et le czarowitz, soit lâcheté, soit dissimulation, parut lui-même renoncer à l’espérance du trône. Cependant, à peine Pierre le Grand eut-il commencé le second de ses glorieux voyages, que son fils quitta secrètement la Russie, et se retira d’abord à Vienne, ensuite à Inspruck et à Naples. Cette imprudence fut regardée comme un crime par le sévère réformateur. Rappelé par le czar, Alexis obéit sans hésiter, et vint se remettre entre les mains d’un père inflexible. Arrêté à son arrivée, il fut obligé de renoncer solennellement à l’empire, devant les principaux membres de la noblesse et du clergé. Pierre ne se borna point à cette mesure. Les confidents et les amis de son fils, et ceux qui l’avaient suivi dans sa fuite, périrent sur la roue. Eudoxie, sa mère, fut cloîtrée plus sévèrement dans un monastère près du lac Ladoga, et la princesse Marie, sœur de Pierre, fut enfermée dans la forteresse de Schlusselbourg. Le czarowitz lui-même fut condamné à mort, comme coupable de lèse-majesté. Pour donner à cet arrêt barbare une apparence d’équité, on força le malheureux Alexis d’écrire, de sa main, « que s’il y avait eu dans l’empire des révoltés « puissants qui l’eussent appelé, il se serait mis « à leur tête. » Cette étrange déclaration fut admise comme preuve, et la seule supposition d’un cas imaginaire fût jugée un attentat digne du dernier supplice. Son arrêt et sa grâce, qui lui furent annoncés presque en même temps lui causèrent une révolution si violente, qu’il mourut le jour suivant. Le czar manda à ses ministres dans les cours étrangères que son fils était mort d’une apoplexie causée par le saisissement qu’il avait éprouvé. Quelques personnes prétendent que le czar dit au chirurgien qui fut appelé pour saigner le prince : « Comme la révolution a été terrible, ouvrez « les quatre veines. » D’autres prétendent qu’Alexis eut la tête tranchée ; mais il est beaucoup plus certain qu’il fut empoisonné par ordre de son père, qui crut devoir faire le sacrifice de ses sentiments paternels au succès de ses projets d’amélioration. Le corps du czarowitz fut


exposé, à visage découvert, pendant quatre jours, à tous les regards ; ensuite inhumé dans la citadelle de Pétersbourg, en présence de Pierre et de l’impératrice Catherine Ire. La mort d’Alexis a fourni le sujet d’une tragédie à Carrion de Nisas.

Lévesque, Histoire de Russie, V, 1-70. — Leclerc, Histoire de la Russie ancienne, III, 419-502. — Voltaire, Histoire de Russie, II, chap. x. — Von Halem, Leben Peters des Grossen, II, 203, 254. — Article de Buhle dans Ersch et Gruber, Allgemeine Encyclopädie, III, 64-72. — Glinka, Russkaiia Istoriya, VII, 174-177. — Ustrialov, Russkaiia Istoriya, III, 145-149. — Éobald Totze, Don Carlos und Alexis Petrowitz ; Greitsw, 1776, in-8o. — Biographie universelle.

ALEXIS, patriarche de Constantinople, né dans la seconde moitié du dixième siècle, mort le 20 février 1043. Supérieur du monastère de Stude, il fut ordonné patriarche de Constantinople sur la désignation de l’empereur Basile au mois de décembre 1025, le jour même de la mort de ce prince. En 1034, il refusa la bénédiction nuptiale à l’impératrice Zoé et à Michel le Paphlagonien, tous deux coupables de la mort de l’empereur Argyre. Mais un présent de 50 livres d’or triompha de sa résistance. Il bénit les deux époux et les couronna. En 1037, quelques évêques, assemblés en synode, voulurent le déposer pour mettre à sa place l’eunuque Jean, ministre de l’empereur, et l’homm.elepîus ambitieux de son siècle. Ils alléguaient pour prétexte qu’Alexis n’avait pas été fait patriarche par le suffrage des métropolitains, mais par ordre de l’empereur. Alexis se tira heureusement d’embarras, en disant qu’il était prêt à quitter son siège, pourvu qu’on déposât les métropolitains qu’il avait nommés pendant onze ans et demi, et qu’on anathématisât les deux empereurs qu’il avait couronnés. Une réponse si peu attendue déconcerta ses ennemis, et les obligea d’abandonner leur entreprise. En 1042, le 12 juin, il couronna l’empereur Constantin Monomaque, après avoir refusé de bénir son mariage avec Zoé. Alexis mourut, laissant un grand trésor qu’il avait amassé, et dont l’empereur s’empara.

Baronius ; Zonaras ; Europalate.

ALEXIS de Samos, historien grec, écrivit les annales de sa patrie (Σαμίων ώροι), dont le second et le troisième livres sont mentionnés par Athénée. Celui-ci mentionne encore un Alexis, auteur d’un ouvrage sur la Suffisance (περι Αύταρκείαζ). On ignore l’époque où vivait cet écrivain.

Athénée, XII, 540 ; XIII, 572 ; X, 418.

* ALEXIS (Άλεξιζ), nom de deux sculpteurs grecs : l’un, élève de Polyclète, est mentionné par Pline, tandis que l’autre, père de Cantharus de Sicyone, est cité par Pausanias. Suivant Thiersch, l’Alexis de Pline et celui de Pausanias sont le même personnage. Mais Siilig a essayé de démontrer que cette opinion repose sur un anachronisme : que l’Alexis de Pline ne peut être antérieur à la 98e olympiade, et que celui de