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841 ALEXANDRE (Princes anciens, PHÈRES, ROME) 842
rent contre lui, et implorèrent le secours d’Alexandre II, roi de Macédoine. « Alexandre de Phères, dit Diodore, averti de cette conspiration, mit en campagne tous les hommes en état de manier les armes, dans le dessein de porter la guerre en Macédoine. Le roi des Macédoniens ayant auprès de lui les exilés de Lalisse, prévint l’ennemi, se dirigea avec une armée sur Larisse, et s’empara de cette ville avec l’aide de quelques habitants qui l’avaient introduit dans l’intérieur des murs. Il mit ensuite le siège devant la citadelle, qu’il prit ; il occupa aussi la ville de Cranon, mais il promit aux Thessaliens de leur rendre l’une et l’autre ville. Cependant, au mépris de sa parole, il y établit des garnisons considérables, et, gardait les villes pour lui. Alexandre de Phères revint à Phères (1)[1]. » Bientôt la guerre entre lui et ses sujets recommença. « Vaincus dans plusieurs batailles, ils avaient perdu beaucoup de monde. Ce fut alors qu’ils envoyèrent des députés aux Thébains pour leur demander des secours et Pélopidas pour chef ; car ils savaient que celui-ci était personnellement irrité contre le tyran Alexandre, qui l’avait jeté en prison, et ils le connaissaient en même temps pour un homme renommé par sa bravoure et son talent stratégique. Les Béotiens se réunirent en une assemblée générale, et, après avoir pris connaissance de la mission des envoyés, ils accordèrent tout ce que les Thessaliens leur demandaient. Ils firent partir sur-le-champ une armée de 7,000 hommes, sous les ordres de Pélopidas. Au moment où Pélopidas se mit en route à la tête de son armée, il arriva une éclipse de soleil. Ce phénomène répandit l’alarme ; quelques devins déclarèrent que, par le départ de l’armée, Thèbes allait perdre son soleil ; paroles qui présagèrent la mort de Pélopidas. Mais ce général n’en continua pas moins sa marche, poussé par la fatalité. Arrivé en Thessalie, il trouva Alexandre occupant une position très-forte avec plus de 20,000 hommes ; il établit son camp en face de l’ennemi, et, après sa jonction avec les troupes auxiliaires des Thessaliens, il engagea le combat. Alexandre eut l’avantage, grâce au terrain qu’il occupait. Pélopidas, empressé de décider par sa propre valeur le sort de la bataille, marcha droit à Alexandre. Le tyran tint ferme avec son corps d’élite ; la mêlée devint sanglante : Pélopidas fit des prodiges de valeur ; tout le champ de bataille autour de lui fut jonché de cadavres. Enfin, s’exposant aux plus graves dangers, il mit l’ennemi en déroute, et remporta la victoire. Mais cette victoire lui coûta la vie : criblé de blessures, il mourut en héros. Alexandre, une seconde fois mis en déroute et pressé de tous côtés, fut obligé, par une capitulation, de rendre aux Thessaliens toutes les villes qui faisaient le sujet de la guerre, de restituer au pouvoir des Béotiens les Magnètes et les Achéens de la Phthiotide ; en un
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mot, il dut se contenter de la souveraineté de Phères et du titre d’allié des Béotiens (1)[2]. »

Quelque temps après (en 362 avant J.-C.), il s’empara de l’île de Tenos, et réduisit les habitants en esclavage. L’année suivante, il marcha en pirate contre les Cyclades, assiégea Péparéthus, et défit les Athéniens, sous Léosthène, à Panorme près de Sunium. Tous les écrivains nous dépeignent cet Alexandre comme un homme cruel et perfide. Cicéron et Diodore rapportent plusieurs anecdotes de sa vie. Ainsi, sur quelques dénonciations portées contre les habitants de Scotusse, il les convoqua en une assemblée : là, il les fit entourer par des mercenaires et égorger jusqu’au dernier. On raconte encore de lui qu’il prenait plaisir à faire enterrer des malheureux tout vifs, ou à les revêtir de peaux d’ours ou de sanglier, et que dans cet état il les faisait déchirer par des chiens et les perçait lui-même de flèches, comme s’il était à la chasse. Exécré de tout le monde, Alexandre fut assassiné par les frères (Lycophron et Tisiphron) de sa propre femme, Thébé. Xéaophon raconte ainsi les détails de ce meurtre : « Elle leur avait déclaré qu’Alexandie en voulait à leur vie : un jour entier elle les tint cachés dans le palais. Alexandre revient ivre, et s’endort ; à la lueur d’une lampe, elle lui ôte son épée : ses frères hésitent à s’approcher d’Alexandre ; elle les menace de l’éveiller, s’ils ne commettent le crime. Dès qu’ils furent entrés, elle ferma la porte, dont elle tenait le verrou jusqu’à ce que son mari expirât. Au rapport de quelques-uns, la haine de cette femme provenait de ce qu’ayant un jour fait mettre aux fers un beau jeune homme qu’elle aimait, le tyran l’avait tiré de prison et égorgé, indigné qu’elle demandât sa grâce. Selon d’autres, n’ayant point d’enfants de cette épouse, il avait envoyé à Thèbes demander en secondes noces la veuve de Jason : c’était là, disait-on, le motif de son crime. Au reste, Tisiphron, l’aîné de ses frères, régnait encore lorsque je composai ce livre (2)[3]. »

Xénophon, Hellenica, VI, 4. — Diodore, XV, 61 et suiv. — Polybe, vin, 1. — Cicéron, De officiis, II, 7. — Plutarque, Pélopidas. — Démosthène, contre Polycl.

F. Alexandre de Rome.

ALEXANDRE-SÉVÈRE, empereur romain, né en Phénicie le 1er octobre de l’an de J.-C. 208, mort près de Mayence le 19 mars 235. — Julia Domna, femme de l’empereur Septime-Sévère, avait pour sœur Julia Mœsa, et toutes deux étaient, dit-on, filles d’un prêtre du Soleil, du nom de Bassien, qui exerçait son sacerdoce dans la ville phénicienne d’Émesse. Mœsa, après la brillante fortune de sa sœur, dont le mari était parvenu à l’empire, épousa Julius Avitus, personnage consulaire, dont elle eut deux filles, Julia Sœmis et Julia Mammea. C’est de cette dernière, mariée au consulaire Genesius Marcien,

  1. (1) Diodore de Sicile, t. III p. 57 de la traduction de Perd. Hœfer.
  2. (1) Diodore de Sicile, t. III, p. 74, trad. de F. Hœfer.
  3. (2) Xénophon, Hellenica, VI, 4. 1