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837 ALEXANDRE (Princes anciens, MACÉDOINE) 838
milieu de ses généraux, lorsqu’ils délibéraient sur quelque affaire importante (1)[1]. Il fut ensuite transporté, sous la conduite d’Arrhidée, de Babylone à Memphis, où il fut déposé dans un cercueil d’or. Plus tard, sous Ptolémée Soter, on le transporta à Alexandrie, et on remplaça l’ancien cercueil par un autre en verre. Jules-César le vit en cet état ; et aucun des monuments dont Alexandrie était remplie ne l’intéressa davantage. Il descendit avec empressement dans le tombeau du héros macédonien, comme de nos jours Napoléon visita le tombeau de Frédéric le Grand. Cette vue put lui arracher quelques soupirs ; mais il n’avait plus à gémir comme autrefois, en apercevant la statue du conquérant ; car il était déjà son rival de gloire. Auguste voulut aussi contempler les restes d’Alexandre : il fit tirer son corps du cercueil, lui mit une couronne d’or, et le couvrit de fleurs (2)[2]. Dion-Cassius rapporte qu’il lui arracha un morceau du nez, anecdote qu’il ne donne que comme un bruit, et on doit, en effet, le croire peu fondé. Cet historien nous apprend encore que l’empereur Sévère, ayant fait enlever des temples beaucoup de livres mystérieux, ordonna de les renfermer dans le tombeau d’Alexandre, et défendit qu’on les montrât aux profanes. Depuis cette époque, on ignore ce qu’est devenu ce tombeau : peut-être fut-il démoli, et le corps mis en pièces et pulvérisé, dans une de ces émeutes auxquelles le peuple d’Alexandrie se livrait si fréquemment. D’ailleurs les chrétiens n’auraient pas laissé subsister un pareil monument, situé au centre du quartier du Bruchium, où ils venaient de changer en église le temple de Bacchus. Aussi déjà saint Jean Chrysostome parle-t-il du tombeau d’Alexandre comme ignoré de son temps, c’est-à-dire vers la fin du quatrième siècle.

Alexandre laissa un nom immortel. Les peuples de l’Europe aussi bien que ceux de l’Asie et de l’Afrique le connaissent. Le grand conquérant mit bien moins de temps à renverser l’empire de Darius qu’Agamemnon à assiéger vainement la ville de Priam. Viskander est encore chanté par les poètes de l’Orient. Sa marche triomphale, depuis l’Hellespont jusqu’aux rives du Nil et de l’Indus, ressemble, en effet, plus à un conte fantastique qu’à la réalité. Son œuvre mourut avec lui ; mais les lambeaux furent encore des royaumes que les généraux du conquérant se partagèrent entre eux. Dès ce moment l’Inde, la Perse et l’Égypte cessèrent d’être des pays mystérieux pour l’Europe, et l’échange d’idées qui s’établit entre ces différentes contrées servit à la civilisation du monde. Ce fut là le plus grand résultat des conquêtes d’Alexandre.

Diodore de Sicile, XVII et suiv. — Arrien, Exped. Alexandri. — Quinte-Curce. — Plutarque. — Justin. — Sainte-Croix, Examen critique des anciens historiens. — Eckhel, Doctrina nummorum. — Droysen, Geschichte

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Alexanders des Grossen ; Berlin, 1833. — Williams, Life and actions of Alexander the Great ; London, 1829. — Valerius, Historia Alexandri M., Argent. ; fol. — Lesfarques, Histoire d’Alexandre le Grand ; Toulouse, 1639, in-8o. — Gauddenzio, Fatti d’Alessandro il Grande : Pisa, 1645, in-fol. — Lehmann, Historia M. Alexandri, dissertatione historica descripta. — Obrecht, Justicia armoram Alexandri M. ; Upsal, 1691, in-8o. — Athenius, Dissertatio de Graecia triiimphante, et statu Graeciae sub Alexandro M. tyranno ; Lips., 1706, in-4o. — Eenberg, Dissertatio de testamento Alexandri M. ; Upsal, 1709. — Freitag, Dissertatio de Alexandro cornigero ; Lips., 1715, in-4o. — Kossin, L’éroismo ponderato nella vita di Alessandro il Grande ; Parme, 1716,2 vol. in-4o. — Zeiske, Prolusio de Alexandro M. cornibus insigni ; Soraviœ, 1724, in-fol. — Fonseca-Rebelo, Historia abreviada de Alexandro Magno ; Lisb., 1753, in-4o. — Linguet, Histoire du siècle d’Alexandre le Grand ; Paris. 1762, in-12. — Schlegel, Einleitung zu Alexandropädie Oder über die Jugendjahre einer Alexanders des Grossen ; Riga, 1775, 10-4°. — Pfizer, Geschichte Alexanders des Grossen ; Stuttg., in-8o. — Bury, Vie d’Alexandre le Grand, 1760, in-4o.


* ALEXANDRE IV, surnommé Aegus (Άλέξανδροζ Αῖγοζ), roi de Macédome, fils d’Alexandre le Grand et de Boxane, tué en 310 avant J.-C. Il naquit en 323 avant J.-C, peu de mois après la mort de son père, et fut sacré roi par l’armée macédonienne à Babylone. Après la mort de Perdiccas, tuteur du jeune roi, Python et Arrliidée (ce dernier avait conduit le corps d’Alexandre le Grand en Égypte) furent proclamés régents en 321 avant J.-C, et partirent pour l’Europe avec Boxane et son fils. Les intrigues d’Eurydice, femme d’Arrhidée, portèrent les régents à se démettre de leurs fonctions avant d’arriver en Grèce. Antipater fut alors chargé de la tutelle du jeune roi, l’amena en Macédoine, et fit un nouveau partage des provinces de l’empire. Mais il mourut déjà en 319 avant J.-C, et eut pour successeur Polysperchon. Eurydice résolut alors de se mettre elle-même à la tête des affaires, et contraignit Roxane avec son fils à chercher un refuge en Épire, où venait aussi d’être exilée Olympias, mère d’Alexandre le Grand. Polysperchon, de concert avec Éacide d’Épire, ramena toute la famille royale en Macédoine, où Eurydice et son mari Philippe-Arrhidée furent mis à mort en 317 avant J.-C. Olympias et Polysperchon gouvernèrent dès lors sous le nom du jeune Alexandre. Mais déjà, l’année suivante, Olympias, Roxane et Alexandre tombèrent entre les mains de Cassandre, allié fidèle d’Eurydice. Olympias subit le dernier supplice, et Roxane avec son enfant fut emprisonnée dans la citadelle d’Amphipolis. En 3 1 5 avant J.-C ., Antigone fit la guerre à Cassandre, sous prétexte de délivrer le jeune prince. La paix fut conclue en 311 ; mais Alexandre et sa mère restèrent en prison, et Antigone, probablement complice de Cassandre, ne fit entendre aucune protestation, bien que la mise en liberté d’Alexandre eût été stipulée. Les Macédoniens commençaient à murmurer de cet état de choses, lorsque Cassandre ordonna au geôlier Glaucias d’empoisonner Roxane et son fils, et de faire disparaître leurs corps. Le crime de ces malheureuses victimes fut d’avoir été, l’une la femme

  1. (1) Justin, XIII, 4.
  2. (2) Suétone, Vit. Aug. 18.

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