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ABAD


sur le trône de ses aïeux. À l’aide de ce stratagème il réussit à raffermir la royauté de Séville, et déconcerta les projets pacifiques du souverain de Cordoue. L’émir de Carmone, étant rentré dans sa capitale, se joignit à ses alliés pour se venger du roi de Séville et ravager ses États. Mais ce dernier, par ses richesses, par les ressources de son esprit et la valeur de son général Ayoub-ben-Amer, remporta divers avantages sur les coalisés, sema parmi eux la discorde, et les força à la retraite. Alors, pour tirer un dernier parti du nom de Hescham, il fit répandre le bruit que ce prince venait de mourir, après lui avoir légué son héritage et sa vengeance. Le testament supposé qu’il publia séduisit les Al-Améris, qui, regrettant les Omeyades, s’attachèrent jusqu’à l’ombre de leur puissance. Abad vit alors presque tout le midi de l’Espagne se déclarer pour lui, ou rechercher son alliance. Il se disposait à marcher contre ses ennemis, lorsqu’il mourut subitement, après un règne de vingt ans.

Masdeu, Historia critica de España, t. XII, p. 344 et suiv. ; Madrid, 1793, in-4o. — Cardonne, Histoire de l’Afrique et de l’Espagne sous la domination des Arabes, t. II, p. 167 ; Paris, 1763, 8. — Conde, Hist. de la domination des Arabes, etc.

* ABAD II (Abou-Amrou-Al-Motadhed-Billah), roi maure de Séville, fils et successeur du précédent, naquit en 1012 de J.-C, et mourut le 2 ou 6 djouimadi II, l’an 461 de l’hégire (29 mars ou 2 avril 1069). Il fut proclamé le IIe djoumadi (27 janvier) 1042 de J.-C, sous le titre d’Al-Motadhed-Billah, qu’il prit, à l’exemple des khalifes Omeyades, Abassides et Fathimides. Il passait pour un musulman peu orthodoxe, parce que, dans les vingt-cinq villes qui formaient ses États, il n’avait fondé qu’une seule mosquée. Dans une des salles de son palais de Séville, il conservait plusieurs coupes ornées d’or et de pierreries, et faites avec les crânes de ses principaux ennemis. Il continua la guerre contre le roi de Carmone, et contre les souverains alliés de Grenade et de Malaga. Cette guerre acharnée lui servit d’excuse pour différer de secourir le roi de Cordoue contre celui de Tolède. Mais, par l’entremise du roi de Badajoz, il se tint à Séville une junte à laquelle assistèrent plusieurs sheiks de l’Andalousie occidentale, qui demandaient à être compris dans l’alliance conclue en rabi Ier, 443 (juillet 1051). Le roi de Séville refusa de les y admettre, alléguant qu’ils n’étaient que ses vassaux ; et, arbitre souverain de toutes les délibérations, il renvoya les députés, plus satisfaits de sa magnificence et de sa libéralité que de sa bonne foi. Cependant il se décida à fournir quinze cents cavaliers au roi de Cordoue ; mais tandis que ces troupes, réunies à celles des émirs de l’Andalousie, combattaient pour la même cause, l’ambitieux Abad, pour se venger de ces derniers, les attaqua les uns après les autres, les dépouilla de leurs États, incorpora successivement aux siens Niébla, Huelva, Saltis Oksonoba, Sainte-Marie et Silves, en un mot toute l’Andalousie occidentale et l’Al-Garb méridional. Il donna néanmoins le fief de Niébla, à titre de récompense, à Abdallah, fils d’Abd-el-Aziz, qui, dépossédé et persécuté par son implacable suzerain, s’était réfugié à Carmone, d’où il avait été se jeter entre les bras du roi de Cordoue. Abdallah se montra reconnaissant des faveurs du roi Abad. À la tête des troupes de ce prince, il fit la guerre au roi de Carmone et l’assiégea dans sa capitale, qui, peu auparavant, avait servi d’asile à son père fugitif. Il pressa si vivement le siège que les habitants capitulèrent, et se soumirent au roi de Séville. Avant la reddition de la place, Mohammed-Al-Boracely en sortit secrètement, et alla implorer de nouveau le secours du roi de Malaga. Ces deux princes tentèrent inutilement de reprendre Carmone ; et, après divers combats sans résultats décisifs, ils retournèrent, l’un à Malaga, l’autre à Ecija. Le roi de Séville, s’étant rendu maître de Cordoue par trahison, sut accoutumer les habitants à sa domination, en prodiguant aux grands l’or et les honneurs, et donnant du pain et des spectacles au peuple, qui oublia bientôt son ancien souverain. Le roi Abad continua la guerre avec succès contre les princes coalisés, et acheva de dépouiller celui d’Ecija. Le chagrin d’avoir perdu sa fille, d’une incomparable beauté, conduisit au tombeau ce prince, à la fois magnifique et ambitieux, timide et superstitieux, voluptueux et cruel. Il était âgé de cinquante-sept ans, et en avait régné vingt-huit. En mourant, il recommanda à son fils de se défier des Al-Moravides, de conserver avec soin les deux clefs de l’Andalousie, Algéziras et Gibraltar, et de ne rien négliger pour réunir sous sa domination toute la Péninsule, qui devait appartenir au maître de Cordoue et de Séville.

Masdeu. — Conde : Cardonne ; loc. cit.

ABAD III (Abou’l-Cacem, Mohammed-Al-Motamed-Billah), fils du précédent, né en 1039, mort en mars 1095. Il fut proclamé roi de Séville en 1069, sous les titres d’Al-Motamed, d’Al-Djafer et d’Al-Mowaïad, surnoms qui l’ont fait souvent confondre avec d’autres princes. Valeureux et prudent, et sachant par sa libéralité enflammer le zèle de ses serviteurs et s’assurer leur fidélité, Abad-Al-Motamed, aussi magnifique, aussi ambitieux que son père, ne fut ni cruel ni sanguinaire, et abusa rarement de la victoire. Il rendit les biens à ceux qui s’étaient dérobés par la fuite à la tyrannie du dernier règne. Il excellait dans la poésie, et rivalisait avec le roi d’Alméria, son ami : tous deux protégeaient les arts et les lettres. L’an 472 de l’hégire (1079 de J.-C), après une guerre longue et cruelle, Abad reprit Cordoue, acheva la conquête du royaume de Malaga par la prise d’Algéziras, et mit fin à la dynastie des Hamouides. Cependant il s’inquiétait des progrès d’Alphonse, roi de Castille, qui, depuis la prise de To-