Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comprendre, obéissant peut-être à cette poussée instinctive, panique, qui déjà au temps des batailles animales pour la possession du sol, dut grouper les êtres de même race pour les conduire ensemble au salut ou à la destruction. L’air était devenu suffoquant, irrespirable, et la nuée des monstres continuait, le flot des nouveaux venus déferlant sans trêve à l’entrée de la gorge. Chaque sentier là-haut devait les dégorger par centaines.

À un moment quelques virtuoses épars dans la bande se mirent à faire la roue et à girer, ternes bolides, parmi les branches des ficus et le long des aspérités de la muraille rocheuse. Alors une bande de grands singes, affolés par cette vision infernale, s’élancèrent hors des feuillages sombres, atteignirent les acrobates et les mirent en pièces. Le gros des assaillants parut faiblir et se débander.

Je jugeai que le moment était venu d’agir.

Un peu d’audace et quelques bons coups d’estoc pouvaient convertir en déroute la panique qui venait d’éclater. Mais déjà mes auxiliaires simiens avaient disparu. Pour comble de malheur, mon sabre se cassa net sur l’épaule du vieux à tête d’épouvantail. Son rostre ébaucha un ricanement atroce, et de sa patte palmée,