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embryonnaires, et ne savaient-ils même pas si la vie, l’existence, est un stade préférable à la non-existence. Organismes à peine évolués, dans leur ensemble tout au moins, ils ne se rattachaient que par quelques traits vagues à l’humanité d’où les retranchaient au contraire mille tares et imperfections grossières dont quelques-unes capitales comme leur anatomie asymétrique et bestiale. De plus ils étaient muets, à l’exemple de tous les animaux, n’émettant que des gloussements, des vagissements, des ronflements, et autres sons inarticulés.

Ma femme s’inquiétait de mon silence méditatif, et, toujours ironique, elle suggéra que le spectacle réconfortant que nous avions sous les yeux gagnerait à être vu de près.

Me remémorant mes fâcheuses rencontres de la Basse-Rivière, rencontres que j’avais cru devoir passer sous silence, j’alléguai le danger qu’il pouvait y avoir à entrer en contact avec la tourbe des Immondes. Mais elle s’obstina. Un Pur lui avait affirmé qu’ils étaient complètement inoffensifs. Et, ajoutait-elle par gouaille, si les Immondes craignaient les Purs, à plus forte raison devaient-ils redouter les divins. Puis enfin, n’étions-nous pas armés tous les deux, elle d’un revolver, moi du sabre d’abatis que