Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Rivière. Le petit plateau étroit et dénudé dont nous suivions les bords séparait les deux territoires. Du côté « immonde » ces bords étaient presque à pic et faisaient face à une autre arête non moins escarpée. Entre ces deux pentes raides, le Val-Immonde s’encaissait, l’espace d’un kilomètre environ, formant un véritable ravin au fond duquel nos regards ne pouvaient plonger. À l’un comme à l’autre bout de cet étranglement, un village se dessinait. Mais quel village ! des huttes de chiffonniers tropicaux, éparpillées le long des deux rives du torrent, toutes de guingois et branlantes sur leurs supports de roseaux. Quelques-unes même ont l’air d’être tombées à l’eau où elles surnagent tant bien que mal, calées sur des pilotis noirâtres, dartreux, dont l’humidité d’une part, les rongeurs de l’autre se disputent les restes.

À l’ouest, les huttes cessent de poindre tout à coup, une avenue spacieuse se dirige droit vers le pied d’une des collines du Pays Pur, et la traverse au moyen d’un tunnel bas fermé d’une herse. C’est le fourmillement affairé de cette avenue qui a provoqué l’exclamation de ma femme. Sous la surveillance de deux Purs à la faction dolente et qui distillent l’ennui morne de nos îlots de sergents de ville, vont et vien-